L’ancien dictateur péruvien Alberto Fujimori est mort d’un cancer à l’âge de 86 ans

Sep 12, 2024 at 12:47 AM

Le Retour Triomphal d'Alberto Fujimori : Une Quête de Rédemption Politique

Après une longue bataille contre le cancer, Alberto Fujimori, l'ancien président controversé du Pérou, s'est éteint en septembre 2024, laissant derrière lui un héritage politique complexe. Malgré les accusations de crimes contre l'humanité qui ont pesé sur lui, Fujimori a réussi à se réinventer en tant que candidat à la présidentielle pour 2026, suscitant à la fois l'espoir et la crainte au sein de la population péruvienne.

Une Résurrection Politique Inattendue

De l'Ingénieur Agronome à l'Homme Politique

Né à Lima en 1938 de parents japonais immigrés, Alberto Fujimori a suivi un parcours atypique. Après des études d'ingénieur agronome et un passage par l'université de Strasbourg où il a appris le français, il a obtenu un master de mathématiques aux États-Unis. De retour au Pérou, il a occupé des postes de direction dans l'enseignement supérieur, devenant recteur de l'université d'agronomie et président de la conférence des recteurs d'universités. Son entrée en politique a été une surprise pour beaucoup, lorsqu'il a remporté l'élection présidentielle en 1990 face à l'écrivain Mario Vargas Llosa.

Le Coup d'État de 1992 et la Consolidation du Pouvoir

Confronté à un Parlement hostile, Fujimori a pris des mesures radicales en 1992, dissolvant le Parlement et suspendant la Constitution avec le soutien des forces armées. Il a ensuite fait adopter une nouvelle Loi fondamentale renforçant les pouvoirs présidentiels. Ses décisions, prises dans le plus grand secret, ont été justifiées par son slogan "Agir d'abord, informer ensuite", reflétant son approche autoritaire.

La Lutte contre le Sentier Lumineux et la Reconnaissance Internationale

Après avoir vaincu le Sentier Lumineux, le mouvement maoïste qui terrorisait le pays, Fujimori a été nommé personnalité sud-américaine de l'année 1993 par le magazine américain Time. Réélu en 1995, il a ensuite obtenu l'autorisation de se présenter à un troisième mandat, qu'il a remporté en 2000. Cependant, son règne a été entaché par des scandales de corruption, entraînant sa destitution par le Parlement.

La Fuite au Japon et l'Extradition

Lorsque le Parlement a voté sa destitution en 2000, Fujimori s'est enfui au Japon, pays dont il détenait également la nationalité. Pendant des années, le Pérou a tenté en vain de convaincre Tokyo de l'extrader. C'est finalement le Chili qui a extradé Fujimori en 2007, après qu'il s'y soit rendu en 2005.

La Condamnation et la Grâce Présidentielle

Extradé au Pérou, Fujimori a été condamné en 2009 à 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité. Malgré de nombreuses tentatives de sa famille et de ses avocats pour obtenir sa libération, ce n'est qu'en 2023 que la Cour constitutionnelle a ordonné sa libération, rétablissant la grâce présidentielle accordée en 2017.

Le Retour sur la Scène Politique

Bien que n'ayant pas été réhabilité pour ses crimes, Fujimori a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle de 2026, suscitant à la fois l'espoir et la crainte au sein de la population péruvienne. Sa fille, Keiko Fujimori, a elle-même été candidate malheureuse à plusieurs élections, tout en étant rattrapée par un scandale de corruption.

Un Héritage Politique Controversé

L'annonce de la candidature de Fujimori en 2026 a ravivé les débats sur son bilan et son héritage politique. Qualifié de "dictateur" par ses opposants, il a laissé une empreinte indélébile sur le Pérou, entre ses réalisations dans la lutte contre le terrorisme et ses dérives autoritaires. Son retour sur la scène politique soulève de nombreuses questions sur la capacité du pays à tourner la page de cette période troublée.