Alberto Fujimori, ancien président du Pérou, est mort

Sep 12, 2024 at 12:20 AM

L'héritage complexe d'Alberto Fujimori, l'ancien président péruvien

Alberto Fujimori, l'ancien président péruvien, est décédé le 11 septembre 2023 à l'âge de 86 ans. Sa mort a ravivé les débats sur son héritage, marqué par des réalisations économiques mais aussi par des violations des droits de l'homme. Retour sur la carrière tumultueuse de cet homme politique controversé.

Un outsider devenu président dans une période de crise

Né en 1938 à Lima, Alberto Fujimori est le fils d'immigrés japonais. Inconnu du grand public, il se porte candidat à l'élection présidentielle de 1990 alors que le Pérou traverse une grave crise économique et sociale. Malgré les pronostics défavorables, il parvient à se hisser au second tour et à l'emporter face à l'écrivain Mario Vargas Llosa, porté par les forces de droite. Son image d'outsider opposé aux politiques traditionnels séduit une population en quête de changement.

Un "Fuji choc" économique inattendu

Dès son investiture, Fujimori surprend en mettant en place une politique économique de choc, plus drastique que ce qu'avaient préconisé ses opposants durant la campagne. Cette "thérapie de choc", surnommée "Fuji choc", permet de juguler l'hyperinflation et de relancer la croissance. Mais elle est très impopulaire et suscite de vives critiques de l'opposition.

La fermeture du Congrès et la rédaction d'une nouvelle Constitution

Autre décision controversée de Fujimori : la fermeture forcée du Congrès le 5 avril 1992, qualifiée d'"auto-coup d'État" par ses détracteurs. Cette mesure, bien que populaire, est perçue comme une dérive autoritaire. Dans la foulée, Fujimori convoque une assemblée constituante pour rédiger une nouvelle loi fondamentale, qui accorde un rôle subsidiaire à l'État par rapport à l'activité privée.

La lutte contre le terrorisme et les violations des droits de l'homme

Sur le plan sécuritaire, Fujimori parvient à affaiblir les groupes terroristes du Sentier lumineux et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru. Mais sa lutte contre l'insurrection s'accompagne de graves violations des droits de l'homme, notamment avec la création d'escadrons de la mort. Ces exactions lui vaudront d'être condamné à 25 ans de prison à son départ du pouvoir en 2000.

Un bilan contrasté et des passions toujours vives

Le bilan de la présidence de Fujimori est donc profondément contrasté. S'il a réussi à redresser l'économie et à lutter contre le terrorisme, il a aussi gravement porté atteinte à l'État de droit et aux libertés fondamentales. Détesté par les uns, idolâtré par les autres, son héritage continue de diviser profondément la société péruvienne.