Déficit public : Bercy dans le viseur des élus locaux

Nov 7, 2024 at 6:27 PM
Devant la commission des Finances du Sénat, ce jeudi 7 novembre dans l'après-midi, l'ancien ministre des Comptes publics a justifié l'aggravation du déficit public par les mauvaises prévisions des recettes et les dépenses trop importantes des collectivités territoriales.

Une explication qui ne convainc pas les sénateurs

Des prévisions de recettes erronées

Thomas Cazenave, ancien ministre des Comptes publics, s'est présenté à la commission des finances du Sénat ce jeudi 7 novembre. Le député de la première circonscription de Gironde est entendu, devant des sénateurs de marbre, dans le cadre d'une mission d'information sur la mauvaise gestion des finances publiques. Il est invité à fournir des réponses et justifications, comme cela a été le cas pour l'ancien ministre de l'Économie Bruno Le Maire plus tôt dans la matinée.Selon Thomas Cazenave, le déficit de la France n'est pas lié à un problème de dépenses publiques de l'État. Les dépenses sont même inférieures à leurs prévisions. Ce qui explique en grande partie le déficit budgétaire de l'État n'est autre que les mauvaises prévisions de recettes. Comment, dans un contexte de bonne croissance, les recettes ne sont-elles pas rentrées ?, s'interroge-t-il au micro. Avant de conclure : "j'ai quitté Bercy sans répondre à cette question."

La responsabilité des collectivités territoriales remise en cause

Entre les sénateurs et l'ancien ministre des Comptes publics, les échanges dévient rapidement sur le second argument de l'ancien ministre. "L'autre raison qui explique le déficit, avance Thomas Cazenave, est la dépense des collectivités territoriales. Les élus locaux ont pesé sur le déficit public." Une vision qui n'est pas pour plaire aux sénateurs présents. Thierry Cozic, sénateur de la Sarthe, rétorque : "les politiques locaux luttent pour boucler leurs budgets. N'y a-t-il pas, chez vous, une volonté de faire porter aux autres votre irresponsabilité ?"Aussitôt, l'ancien ministre des Comptes publics défend son propos : "Je le redis, les collectivités ne sont pas responsables du déficit. Ce ne sont pas de mauvaises gestionnaires, mais elles n'ont pas intégré le ralentissement de leurs dépenses. On a quand même le droit de le dire." Puis, il appuie : "quand leurs dépenses sont très dynamiques, cela se traduit en déficit. Alors, c'est normal de leur demander de participer."

Des coupes budgétaires qui menacent les projets locaux

Les élus locaux dénoncent de leur côté, depuis plusieurs semaines, les coupes budgétaires décidées par le gouvernement sur les budgets de leurs collectivités dans le cadre du Projet de loi de finances (PLF). À Bordeaux, des affiches ont été installées sur les grilles de la mairie : "Vous préférez priver tous les élèves de cantine ou supprimer la police municipale ?" Claudine Bichet, adjointe chargée des finances, avance une perte possible de plus de 16 millions d'euros pour la mairie de Pierre Hurmic.Ces demandes émanant du gouvernement menacent des projets locaux, mais aussi d'ampleur. En 2021, le département des Pyrénées-Atlantiques s'est engagé à fournir 54 millions d'euros à la construction de la LGV reliant Bordeaux à l'Espagne. Un accord de principe aujourd'hui questionné au regard des pertes possibles pour le département, estimées à plus de 68 millions d'euros en 2025. De son côté, la région Nouvelle-Aquitaine est invitée à débourser 126 millions d'euros. Une nouvelle qui a provoqué à Alain Rousset, président de la Région, "une colère liée à l'incompétence des membres de Bercy. Il faudra assumer".