Alors que l'ancien ministre de l'Économie Bruno Le Maire a été entendu la veille par la commission des finances du Sénat, c'est au tour de l'ancien Premier ministre Gabriel Attal de s'expliquer sur la gestion des finances publiques en 2024. Une audition riche en échanges musclés avec le rapporteur général du budget, Jean-François Husson, qui n'a pas hésité à remettre en cause les décisions prises par le gouvernement.
Une gestion des finances publiques sous haute tension
Des économies impopulaires, même au sein du gouvernement
Alors que l'audition touche à sa fin, Gabriel Attal rappelle que certaines de ses mesures d'économies étaient impopulaires, y compris chez ses ministres. Il relate notamment un incident impliquant le chien Volta du Premier ministre, qui aurait été menacé de devenir un "kebab" par la ministre de la Culture Rachida Dati, en guise de protestation contre les coupes budgétaires dans son ministère.Un débat parlementaire insuffisant sur les finances publiques
Le rapporteur général, Jean-François Husson, revient sur l'opportunité manquée d'un projet de loi de finances rectificative (PLFR), qu'il considère comme le "nœud gordien" de l'audition. Gabriel Attal reconnaît que le Parlement a beaucoup débattu des questions de finances publiques entre janvier et juin 2024, mais regrette le manque de "réponses concrètes" de la part du gouvernement. Il approuve cependant la proposition de Bruno Le Maire visant à une meilleure association du Parlement aux décisions budgétaires.Un clash entre Gabriel Attal et le rapporteur général du budget
L'échange entre Gabriel Attal et Jean-François Husson s'envenime lorsque ce dernier accuse l'ancien Premier ministre d'avoir fait des annonces de "dépenses nouvelles et nombreuses", dégradant ainsi la trajectoire budgétaire. Gabriel Attal se défend, précisant que les mesures prises, notamment pour répondre à la crise agricole, ont été financées sur la provision pour crise du ministère de l'Agriculture. Les deux hommes s'opposent également sur l'ampleur du dérapage des dépenses de l'État en 2024.Le refus d'un budget rectificatif, une décision politique ?
Les sénateurs n'entendent pas lâcher Gabriel Attal sur le choix de ne pas recourir à un PLFR en 2024. L'ancien Premier ministre affirme que cette décision n'a pas été guidée par les élections européennes, mais qu'elle a été prise en concertation avec le président de la République. Il explique que d'autres "véhicules législatifs", comme le projet de loi de finances 2025 et le projet de loi de fin de gestion 2024, ont été privilégiés pour mettre en œuvre les mesures d'économies.La défense de Bruno Le Maire
Gabriel Attal prend la défense de son ancien ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qu'il juge "très soucieux de tenir les comptes publics de la France". Il déplore le "procès médiatique et politique" fait à ce dernier, affirmant n'avoir toujours vu en lui qu'un ministre "très soucieux de tenir les comptes publics".Un budget 2023 "en euros en moins"
Le rapporteur général, Jean-François Husson, rappelle la communication gouvernementale autour du budget 2023, présenté comme un budget "à l'euro près". Il souligne que le budget s'est finalement terminé avec un déficit plus important que prévu, remettant en cause cette communication.Des économies par d'autres moyens que le PLFR
Gabriel Attal explique que le gouvernement a choisi de concentrer les mesures d'économies ou de recettes supplémentaires sur le projet de loi de finances 2025 et le projet de loi de fin de gestion 2024, plutôt que de passer par un PLFR. Il affirme que cette décision permettait d'avoir "plus de temps pour examiner d'autres textes", comme le projet de loi d'orientation agricole ou celui sur la fin de vie.Une vigilance accrue sur les annonces budgétaires
En ouverture de son propos, Gabriel Attal affirme avoir demandé à l'ensemble de son gouvernement de ne pas faire d'annonce budgétaire sans concertation et validation de Matignon. Il énumère ainsi les différentes mesures prises au début de l'année 2024 pour tenter de "freiner" les dépenses.