Mazan, un village sous le joug d'un procès sordide
Bien que connue pour sa proximité avec le mont Ventoux, la ville de Mazan, dans le Vaucluse, se retrouve depuis septembre dernier au cœur d'un procès hors-norme, suivi par les médias du monde entier. L'affaire Dominique Pelicot, accusé d'avoir drogué et fait violer son épouse par des dizaines d'inconnus, a jeté une ombre inquiétante sur cette commune de 6 000 habitants, qui peine à se défaire de cette sombre réputation.Une ombre inquiétante plane sur le village
Une communauté sous le choc
La nouvelle a secoué la tranquille bourgade de Mazan. Bien que seulement deux des cinquante coaccusés soient originaires du village, la population locale se sent profondément touchée par cette affaire. "Certains disent qu'on est un village de violeurs, mais ce n'est pas le cas !", s'indigne Annie Viau, gérante d'une boulangerie près de la mairie. Pour elle, le véritable coupable n'est pas un Mazanais, mais un Parisien, le couple ayant emménagé dans la région en 2013. Néanmoins, le mal est fait, et la réputation du village en pâtit.Un climat de suspicion
Le procès a installé un climat de méfiance et de suspicion au sein de la communauté. "Des fois, on croise des gens dans Mazan et on se dit 'peut-être que...' Ça peut être n'importe qui... Les malades, c'est pas marqué sur leur front", confie Frédéric Raymond, un retraité vivant dans un village voisin. Avec seulement 50 des 72 agresseurs identifiés, l'inquiétude plane sur l'identité des autres. "Ils sont peut-être du village... Ou pas", s'interroge le maire, Louis Bonnet, qui se demande s'il ne faudrait pas mettre en place une cellule psychologique pour aider les habitants.Une réputation ternie
Cette affaire a jeté un voile sombre sur l'image de Mazan. "C'est sûr que ça ne fait pas une bonne publicité pour le village et pour la région", déplore Frédéric Raymond. La ville, autrefois connue pour sa proximité avec le mont Ventoux, se retrouve désormais associée à ce procès sordide, suivi par les médias du monde entier. Une coïncidence troublante vient encore assombrir cette image, avec la présence de la maison familiale du Marquis de Sade, figure emblématique du sadisme.Une parole à libérer
Face à cette situation, certains habitants cherchent des moyens de surmonter cette épreuve. Cécile Paulin, une massothérapeute locale, a fondé un centre d'accueil pour femmes à Mazan et aimerait ouvrir "un espace où la parole peut être libérée". Une initiative qui pourrait aider la communauté à panser ses plaies et à se reconstruire après ce traumatisme.Une solidarité à l'épreuve
Malgré les défis, les Mazanais font preuve de résilience et de solidarité. Bien que certains préfèrent ne plus s'exprimer sur l'affaire, lassés d'être assaillis par les médias, d'autres, comme Annie Viau, défendent avec ferveur l'honneur de leur village. "Ce n'est pas le cas !", s'exclame-t-elle, refusant que la réputation de Mazan soit entachée par les actes d'un seul individu.