La Victoire Écrasante de Kaïs Saïed : Un Mandat Renforcé pour Poursuivre sa Révolution
Le président sortant en Tunisie, Kaïs Saïed, a remporté une victoire écrasante à l'élection présidentielle du 6 octobre 2024, avec plus de 89% des voix. Malgré un taux de participation très faible, le président a affirmé sa volonté de "poursuivre la Révolution de 2011" et de bâtir "un pays nettoyé des corrompus et des complots". Cependant, son élection a été critiquée par l'opposition et la société civile, qui l'accusent de "dérive autoritaire".Une Victoire Écrasante Malgré une Faible Participation
Un Résultat Écrasant au Premier Tour
Selon les sondages sortie des urnes, Kaïs Saïed a obtenu 89,2% des suffrages dès le premier tour, écrasant ses deux adversaires, Ayachi Zammel et Zouhair Maghzaoui. Ce résultat sans appel témoigne de la popularité du président sortant auprès d'une partie de la population tunisienne. Cependant, le taux de participation de seulement 27,7% soulève des questions sur la légitimité démocratique de cette élection.Une Participation Historiquement Faible
Le taux de participation de 27,7% est le plus faible pour un premier tour de scrutin présidentiel depuis le renversement du dictateur Ben Ali en 2011. Le président de l'autorité électorale Isie a qualifié ce taux de "respectable", mais les experts y voient le signe d'un désenchantement de la population envers le processus démocratique. Cette faible participation soulève des interrogations sur la légitimité du mandat de Kaïs Saïed.Un Processus de Sélection des Candidats Contesté
Le processus de sélection des candidatures a été très critiqué, notamment en raison du nombre élevé de parrainages exigés et de l'emprisonnement de candidats potentiels connus. L'Isie a également écarté les rivaux les plus solides du président, comme Mondher Zenaidi, un ancien ministre sous le régime Ben Ali. Ces manœuvres ont été dénoncées par l'opposition et la société civile comme une tentative de fausser le scrutin en faveur de Kaïs Saïed.Des Candidats Emprisonnés ou Marginalisés
Parmi les candidats en lice, Ayachi Zammel n'a pas pu faire campagne car il est emprisonné depuis début septembre et sous le coup de trois condamnations à plus de quatorze ans de prison. Quant à Zouhair Maghzaoui, il était considéré comme "un faire-valoir" car porteur d'un projet de gauche souverainiste similaire à celui de Kaïs Saïed. Ces éléments ont contribué à affaiblir la compétition électorale et à renforcer la position du président sortant.Une Légitimité Démocratique Remise en Cause
Malgré sa victoire écrasante, la légitimité démocratique de l'élection de Kaïs Saïed est fortement remise en cause par les experts. Avec un taux de participation historiquement bas et des candidats emprisonnés ou marginalisés, le processus électoral a été jugé "faussé en faveur de M. Saïed" par l'opposition et la société civile. Cette situation soulève des inquiétudes quant à l'avenir de la démocratie tunisienne.Des Analogies avec l'Algérie Voisine
Selon l'expert français du Maghreb, Pierre Vermeren, la situation en Tunisie présente des analogies avec l'Algérie voisine, "où personne ne remet en cause le président" Abdelmadjid Tebboune. Cette comparaison souligne les défis auxquels est confrontée la jeune démocratie tunisienne, qui peine à s'affranchir des dérives autoritaires.Des Partisans Enthousiastes Malgré la Contestation
Malgré les critiques de l'opposition et de la société civile, les partisans de Kaïs Saïed se sont rassemblés pour célébrer sa victoire, brandissant des drapeaux et scandant des slogans en son honneur. Certains, comme Oumayma Dhouib, une jeune femme de 25 ans, se sont dits "très contents de la victoire de 'Kaïsoun'", un surnom affectueux, et se sont dits "convaincus par ses idées et sa politique".Un Mandat Renforcé pour Poursuivre sa Révolution
Avec cette victoire écrasante, Kaïs Saïed dispose d'un mandat renforcé pour poursuivre sa "Révolution de 2011" et son projet de "bâtir un pays nettoyé des corrompus et des complots". Cependant, ses détracteurs craignent un durcissement du pouvoir à l'égard des voix critiques, le président pouvant "faire valoir son sacre pour justifier la répression".Un Bilan Mitigé Depuis 2021
Depuis qu'il s'est emparé des pleins pouvoirs à l'été 2021, Kaïs Saïed a été accusé par l'opposition et la société civile de dérive autoritaire, avec un démantèlement des contrepouvoirs et un étouffement de la société civile. Beaucoup de Tunisiens lui reprochent également d'avoir consacré trop d'énergie à régler ses comptes avec ses opposants, en particulier le parti islamo-conservateur Ennahdha.Des Inquiétudes pour l'Avenir de la Démocratie Tunisienne
Malgré sa victoire écrasante, l'élection de Kaïs Saïed soulève de nombreuses interrogations sur l'avenir de la démocratie tunisienne. Avec un taux de participation historiquement bas, un processus de sélection des candidats contesté et des candidats emprisonnés ou marginalisés, la légitimité démocratique de son mandat est fortement remise en cause. Les experts craignent un durcissement du pouvoir et une dérive autoritaire qui pourrait compromettre les acquis de la Révolution de 2011.