Tunisie : Kaïs Saïed réélu avec un score écrasant, mais la participation reste faible
Dimanche 6 octobre 2023, les Tunisiens se sont rendus aux urnes pour élire leur président. Malgré les controverses et les critiques, le président sortant Kaïs Saïed a été réélu avec un score sans appel, selon les premiers résultats. Cependant, le taux de participation, bien que supérieur aux derniers scrutins, reste relativement faible, reflétant les divisions au sein de la société tunisienne.Un plébiscite sans surprise pour Kaïs Saïed
Un scrutin sans suspense
Dès l'annonce des premiers résultats, il est apparu que le scrutin présidentiel tunisien n'avait pas réservé de surprise. Selon les sondages de sortie des urnes, le président sortant Kaïs Saïed a été réélu avec un score écrasant de 89,2% des voix. Ses deux adversaires, Zouhair Maghzaoui et Ayachi Zammel, n'auraient obtenu respectivement que 6,9% et 3,9% des suffrages. Cette victoire sans appel du chef de l'État a été rapidement rejetée par l'opposition, qui a dénoncé des irrégularités dans le processus électoral.Une participation en hausse, mais toujours faible
Malgré ce plébiscite en faveur de Kaïs Saïed, le taux de participation final s'est établi à 27,7%, soit 2,7 millions d'électeurs. Bien que supérieur aux derniers scrutins, ce score reste nettement en deçà du premier tour de la présidentielle de 2019, où 49% des électeurs s'étaient rendus aux urnes. Cette faible participation reflète les divisions au sein de la société tunisienne, avec de nombreux opposants au président qui ont choisi de s'abstenir, jugeant le processus électoral "illégitime".Des observateurs internationaux absents
Pour la première fois depuis 2011, les observateurs de l'Union européenne n'ont pas été autorisés à suivre le déroulé du scrutin. Seuls des représentants de la commission électorale russe, de l'Organisation de coopération islamique et de quelques autres organisations accréditées par les autorités étaient présents dans certains bureaux de vote. Cette absence d'observateurs internationaux indépendants a suscité des inquiétudes quant à la transparence du processus électoral.Des irrégularités signalées
Malgré le plébiscite annoncé en faveur de Kaïs Saïed, l'opposition a dénoncé un certain nombre d'irrégularités et de malversations lors du scrutin. L'Association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections a ainsi fait état de "tentatives d'influence sur les électeurs" dans certains bureaux de vote. Ces allégations, bien que difficiles à vérifier, soulignent les tensions qui entourent ce scrutin.Un processus électoral contesté
Depuis l'annonce de la date du scrutin, le 2 juillet, de nombreuses polémiques ont éclaté autour du processus électoral. Le tribunal administratif avait notamment tranché en faveur de la réintégration de trois candidats exclus par l'instance électorale, mais cette décision a été ignorée. De plus, le Parlement a amendé la loi électorale pour retirer au tribunal administratif la compétence de trancher les contentieux électoraux, suscitant de vives critiques de l'opposition et de la société civile.Un président qui s'éloigne de la démocratie
Depuis son "coup de force" en juillet 2021, Kaïs Saïed a progressivement démantelé certaines des structures démocratiques mises en place après la révolution de 2011. Il a notamment modifié la composition du Conseil supérieur de la magistrature et de l'instance électorale, dont il nomme directement certains membres. Ces changements ont alimenté les inquiétudes quant à l'indépendance des institutions et au respect de l'État de droit en Tunisie.Des partisans convaincus, mais une jeunesse en retrait
Malgré les controverses, les partisans de Kaïs Saïed se sont mobilisés pour le soutenir lors de ce scrutin. Ils voient en lui un président capable de "changer les choses" et de résoudre les problèmes du pays depuis la révolution de 2011. Cependant, la participation des jeunes électeurs, qui se sont montrés plus critiques envers le président, est restée relativement faible, avec seulement 6% des suffrages provenant des moins de 35 ans.