Élection présidentielle en Tunisie : Kaïs Saïed réélu avec un score record, mais une participation historiquement faible
Malgré un scrutin verrouillé et une opposition marginalisée, le président sortant a été reconduit dans ses fonctions avec plus de 89% des voix. Cependant, la très faible participation, à peine 27,7%, illustre la profonde crise démocratique que traverse le pays depuis la révolution de 2011.Une victoire écrasante, mais une légitimité remise en question
Un scrutin verrouillé et une opposition muselée
Depuis son coup de force de juillet 2021, Kaïs Saïed a consolidé son emprise sur le système politique tunisien. L'Isie, l'autorité électorale, et l'appareil sécuritaire ont soigneusement verrouillé le scrutin, écartant les principaux adversaires du président sortant. Seuls deux candidats ont été autorisés à se présenter : l'industriel libéral Ayachi Zammel et l'ancien député de la gauche panarabe, Zouhair Maghzaoui, qui ont respectivement obtenu 6,9% et 3,9% des voix. Un tel verrouillage du processus électoral a sérieusement entamé la crédibilité et la légitimité du scrutin.Une participation historiquement faible
Avec seulement 27,7% de participation, soit 18 points de moins qu'en 2019, ce scrutin présidentiel a enregistré le plus faible taux de participation depuis l'avènement de la démocratie en Tunisie en 2011. Ce chiffre, jugé "respectable" par le président de l'Isie, Farouk Bouasker, illustre en réalité la profonde crise de confiance des Tunisiens envers leur système politique. Malgré la victoire écrasante de Kaïs Saïed, cette faible participation remet sérieusement en question la légitimité du président réélu.Un score à l'algérienne
Avec plus de 89% des voix, Kaïs Saïed a réalisé un score digne des élections présidentielles algériennes, où les résultats sont souvent critiqués pour leur manque de crédibilité. Ce résultat, bien que conforme aux sondages de sortie des urnes, soulève de nombreuses interrogations sur la sincérité du scrutin et la liberté de choix des électeurs. La marge de victoire du président sortant, couplée à la faible participation, jette un doute sérieux sur la représentativité de ce mandat.Une crise démocratique profonde
Au-delà des chiffres, cette élection présidentielle illustre la profonde crise démocratique que traverse la Tunisie, 15 ans après la révolution de 2011. Le verrouillage du processus électoral, la marginalisation de l'opposition et la faible participation des citoyens sont autant de signes inquiétants de l'érosion des acquis démocratiques dans le pays. Malgré les espoirs suscités par le Printemps arabe, la Tunisie semble s'enfoncer dans une forme d'autoritarisme rampant, remettant en cause les progrès accomplis depuis la chute de Ben Ali.Des défis majeurs à relever
Au-delà de la crise politique, la Tunisie fait face à de nombreux défis économiques et sociaux. Le chômage, l'inflation galopante et la dégradation des services publics alimentent un mécontentement croissant au sein de la population. Le nouveau mandat de Kaïs Saïed devra s'attaquer à ces problèmes urgents, s'il veut regagner la confiance des Tunisiens et renouer avec une dynamique de développement durable. Mais la faiblesse de sa légitimité, conjuguée à la fragilité du tissu social, risque de compliquer sérieusement sa tâche.