Emplois fictifs au Parlement européen : le procès du Rassemblement national s'ouvre
Entre octobre 2014 et juillet 2015, Mylène Troszczynski, alors eurodéputée RN de l'Oise, avait embauché en tant qu'attaché parlementaire Julien Odoul, aujourd'hui député RN de l'Yonne. Un emploi que la Justice estime fictif. Elle poursuit le RN, Mylène Troszczynski, Julien Odoul et 25 autres mis en cause pour détournement de fonds publics. Le procès s'ouvre ce 30 septembre.Un scandale qui ébranle les fondements du Rassemblement national
Des assistants parlementaires fantômes
Selon l'accusation, plusieurs assistants parlementaires n'en avaient que le titre et travaillaient en fait directement pour le Rassemblement national. Certains n'auraient même jamais rencontré leur employeur officiel ou ne se seraient jamais rendus au Parlement. C'est le cas de Julien Odoul, l'actuel député de l'Yonne, qui aurait écrit en février 2015 à Marine Le Pen "serait-il possible que je vienne à Strasbourg demain pour voir comment se déroule une session" au Parlement, "et faire la connaissance de Mylène Troszczynski à qui je suis rattaché ?". Un échange qui aurait eu lieu quatre mois après le début de son contrat d'assistant parlementaire auprès de l'eurodéputée de l'Oise.Les enquêteurs soupçonnent que ces assistants auraient en fait travaillé pour Marine Le Pen au siège du parti, ce qui est interdit dans la réglementation européenne. Tous font partie des 27 personnalités du Rassemblement national accusées de détournements de fonds publics par la justice française.Une affaire qui remonte à 2015
Les accusations de détournements de fonds européens remontent à 2015, suite à un signalement réalisé par Martin Schulz, membre du parti social-démocrate allemand et alors président du Parlement européen. Il s'était rendu compte que l'organigramme du parti d'extrême droite présentait vingt de ses membres comme assistants au Parlement européen alors qu'ils occupaient en même temps des postes importants au sein du parti.Martin Schulz avait alors saisi la justice française et les perquisitions qui s'en sont suivies ont permis la découverte de documents accablants. Le RN a déposé de nombreux recours contre cette procédure, mais ils ont tous été épuisés.Des remboursements et des poursuites judiciaires
En 2017, Mylène Troszczynski avait déjà dû rembourser 56 554 € au Parlement européen, au titre des salaires de deux de ses assistants, dont elle n'avait pas pu prouver qu'ils effectuaient bien le travail prévu dans leurs contrats, entre 2014 et 2015.Le 21 septembre 2023, Marine Le Pen remboursait de son propre chef les 330 000 € qui lui étaient réclamés par le Parlement européen dans le cadre de cette affaire depuis 2017, afin d'éviter une saisie. Le Parlement européen estime son préjudice total à 7 millions d'euros pour la période 2009-2017.Outre ces remboursements, les principaux responsables du Rassemblement national font l'objet de poursuites judiciaires. Mylène Troszczynski, Julien Odoul et 25 autres mis en cause sont jugés pour détournement de fonds publics. Les peines encourues sont de 10 ans d'emprisonnement et une amende de maximum 1 million d'euros ou du double produit de l'infraction.Des personnalités politiques de premier plan impliquées
Parmi les accusés figurent des personnalités politiques de premier plan du Rassemblement national, comme Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national (FN), aujourd'hui rebaptisé Rassemblement national, et Bruno Gollnisch, ancien numéro 2 du parti.Leur implication dans cette affaire d'emplois fictifs au Parlement européen porte un coup dur à la crédibilité du parti, qui se présente pourtant comme le défenseur de l'intégrité et de la probité en politique.