Le vendredi 15 novembre a marqué une date historique pour l’hydrogène français et européen. J’ai eu le privilège de monter à bord de l’Hopium Machina, qui était autrefois le fleuron de l’espoir français en matière de voiture particulière à hydrogène. L’expérience fut intense, quoique brève. Le ronronnement de la pile à combustible, loin du silence absolu parfois imaginé, était perceptible, amplifié par l’absence d’insonorisation du véhicule de test. Les 360 chevaux de la Machina se faisaient pleinement ressentir sur l’anneau de vitesse du circuit de Linas Monthléry, malgré le revêtement très fortement bosselé.
Malgré son impressionnante performance, l’Hopium Machina appartient désormais au passé. La stratégie de l’entreprise a changé radicalement. Exit le rêve de la voiture à hydrogène, place à la mobilité lourde. Hopium se concentre désormais sur le développement et la commercialisation de sa technologie de pile à combustible pour des applications dans le transport routier, maritime et aéronautique.
Au final, c’était une sensation étrange, mélange d’exaltation face à la technologie et de goût d’inachevée face à un destin avorté. Lors de l’événement sur le circuit de Monthléry, même si la star était plus ou moins la Machina, il y avait à ses côtés la véritable star : la pile à combustible de 100 kW, cœur battant de la nouvelle stratégie d’Hopium. Son atout est sa légèreté et sa compacité face à la concurrence.
L’objectif affiché est clair : proposer une alternative crédible au diesel pour les véhicules lourds d’ici 2028-2030, grâce à un système composé d’unités de 100 kW, permettant de décupler les performances. Mais surtout d’être ultra adaptable et pouvoir convertir n’importe quelle voiture, avec un peu de place dans le compartiment moteur.
L’avenir d’Hopium se dessine désormais loin des voitures particulières. La société se concentre sur des marchés de niche, comme le projet maritime K-Challenge, pour financer l’industrialisation de sa technologie. Elle recherche également un partenaire industriel majeur pour soutenir la construction d’une ligne d’assemblage automatisée sur son site de Saint-Bonnet-de-Mure, près de Lyon, en vue d’une production à grande échelle.
Rouler dans la Machina fut un privilège rare. Cette expérience m’a permis de toucher du doigt le potentiel de l’hydrogène dans le secteur automobile, mais aussi de constater l’évolution rapide et parfois impitoyable de ce marché. La Machina, symbole d’un rêve brisé, devient le porte-étendard d’une nouvelle ambition, celle d’une mobilité lourde décarbonée. Un pari audacieux, dont l’issue reste incertaine, mais l’hydrogène a certainement un rôle à jouer dans la transition énergétique.