L'ancien ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a été sommé de s'expliquer sur le dérapage de la situation économique de l'État, en particulier depuis le début de l'année, lors d'une audition devant la commission des Finances du Sénat. Confronté à des critiques sévères sur la gestion des finances publiques sous son mandat, Le Maire a cherché à se défendre, tout en reconnaissant des erreurs techniques dans l'évaluation des recettes. Cette audition s'inscrit dans le cadre d'une mission "flash" d'information sur cette dérive budgétaire.
Une Situation Économique Préoccupante
Le déficit public français devrait atteindre 6,1 % du PIB en 2024, selon les prévisions du nouveau gouvernement. Cette perspective a suscité de vives inquiétudes au sein de la commission des Finances du Sénat, qui a qualifié la situation de "grave" et d'"ouragan de longue durée". Les sénateurs ont pointé du doigt la "grande dérive des finances publiques" sous les mandats de Bruno Le Maire, qui a détenu le record de longévité à Bercy.Une Erreur Technique Majeure
Face à ces critiques, Bruno Le Maire a reconnu une "grave erreur technique d'évaluation des recettes" comme étant la principale explication du dérapage budgétaire. Selon lui, les recettes avaient été initialement surestimées de 41,5 milliards d'euros pour 2024, tandis que la croissance économique a été révisée à la baisse. Cette erreur d'évaluation, combinée à une chute de l'élasticité des recettes par rapport à la croissance, aurait entraîné un manque à gagner de 41 milliards d'euros cumulés entre 2023 et 2024.Une Gestion Prudente des Dépenses
L'ex-ministre a toutefois souligné que le gouvernement précédent avait dû faire face à des crises successives, notamment la pandémie de COVID-19 et l'inflation, et avait dû massivement soutenir les ménages et les entreprises. Il a affirmé avoir "résisté" à près de 400 milliards d'euros de dépenses supplémentaires réclamées par les parlementaires, dans le but de préserver les finances publiques.Transparence et Indépendance Technique
Pour améliorer la transparence, Bruno Le Maire s'est dit favorable à la transmission en temps réel des budgets et des notes de prévision du Trésor et de la Direction générale des Finances publiques aux commissions des finances du Parlement. Il a également défendu le principe d'"étanchéité totale" entre son cabinet et les services techniques chargés des prévisions de recettes, afin d'éviter tout soupçon de manipulation.Les Défis à Venir
Malgré ces explications, les sénateurs ont maintenu leurs critiques sur une "vision beaucoup trop optimiste" des recettes de la part de l'ex-ministre. Ils ont également souligné que le dérapage budgétaire était le "choix du gouvernement actuel", remettant en cause la responsabilité de Bruno Le Maire.Cette audition s'inscrit dans une série d'auditions menées par la commission des Finances du Sénat, qui entend également interroger d'autres acteurs clés de la gestion économique, tels que l'ex-ministre des Comptes publics Thomas Cazenave, l'ancien Premier ministre Gabriel Attal et l'ex-Première ministre Élisabeth Borne. L'objectif est de comprendre en détail les causes de cette dérive budgétaire et d'identifier les mesures nécessaires pour redresser la situation économique française.