La transition électrique automobile coûte la France des milliards : qui paiera?

Dec 12, 2024 at 5:27 PM
La transition vers la mobilité électrique est en train de bouleverser profondément l’économie française. Les recettes fiscales traditionnelles tirées de la vente de carburants, qui ont longtemps soutenu le budget de l’État, commencent à s’effriter face à l’essor des véhicules zéro émission. Une étude récente de la direction générale du Trésor dépeint un tableau préoccupant des conséquences financières de cette révolution énergétique.

Le manque à gagner colossal pour les finances publiques

Les chiffres sont impressionnants : les pertes fiscales pourraient atteindre 13 milliards d’euros dès 2030, date à laquelle les voitures électriques devraient représenter un tiers du parc automobile français. Cette estimation repose sur la différence significative entre la taxation des carburants fossiles et celle de l’électricité. Actuellement, la TICPE (taxe sur les produits pétroliers) rapporte 52 euros par MWh, tandis que la TICFE (taxe sur l’électricité) ne génère que 22 euros par MWh.En outre, la situation s’annonce encore plus critique à long terme. Selon les projections pour 2050, il y aura une perte vertigineuse de 33 milliards d’euros sur les produits fossiles, compensée très partiellement par seulement 3 milliards de recettes supplémentaires liées à l’électricité.

Le exemple norvégien : un avertissement pour la France

La Norvège nous offre un aperçu concret de ce qui nous attend. En tant que premier pays au monde en termes d’adoption des véhicules électriques, avec plus de 90% des ventes de voitures neuves, le pays scandinave doit déjà faire face à une érosion significative de ses recettes fiscales dans le secteur automobile.Le parc automobile norvégien compte désormais plus de 30% de véhicules électriques. Les revenus fiscaux liés aux transports diminuent année après année, et les infrastructures de recharge se multiplient mais génèrent des revenus limités.

Les solutions envisagées pour combler le déficit

Face à cette situation, plusieurs pistes sont à l’étude pour maintenir l’équilibre budgétaire sans compromettre la transition écologique. Les experts préconisent une approche progressive et diversifiée.Pour la réduction progressive des bonus écologiques, on estime un économie de 2-3 milliards d’euros entre 2025 et 2030.En ce qui concerne la nouvelle vignette automobile, on s’attend à des recettes de 4-5 milliards entre 2026 et 2027.L’ajustement de la TICFE pourrait générer 6-8 milliards de recettes entre 2028 et 2030.

Les répercussions sur le portefeuille des Français

Les automobilistes français devront probablement s’adapter à de nouvelles formes de contribution. Actuellement, la recharge électrique est avantageuse, avec un coût moyen de 15-20€ pour 100 km contre 25-30€ en thermique. Cependant, cet avantage pourrait s’amenuiser à l’avenir. L’introduction d’une fiscalité spécifique aux véhicules électriques semble inévitable pour préserver les services publics financés jusqu’ici par les taxes sur les carburants.La transition écologique dans le secteur automobile représente un défi majeur pour les finances publiques françaises. L’équation à résoudre est complexe : maintenir l’attractivité des véhicules électriques tout en assurant la pérennité des ressources de l’État. Les années à venir verront certainement émerger un nouveau modèle fiscal adapté à cette réalité énergétique transformée.