Dans un tournant stratégique marqué par le renforcement du secteur de la défense, la France semble sacrifier ses engagements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Initiée sous l'impulsion d'Emmanuel Macron, cette nouvelle orientation vise à mobiliser non seulement des fonds publics considérables, mais également une participation accrue des investisseurs privés. Malgré un contexte financier déjà soutenu par les banques françaises et les assureurs, il reste encore nécessaire de combler un déficit annuel pour répondre aux besoins ambitieux de modernisation industrielle.
Au cœur de cet effort colossal se trouve une enveloppe budgétaire publique s'élevant à 413 milliards d'euros, prévue pour la période 2024-2030. Cette somme, bien que massive, ne suffit pas à elle seule à financer intégralement les objectifs fixés par l'État. Dans ce cadre, les banques françaises ont déjà engagé près de 37 milliards d'euros, tandis que les assureurs contribuent avec 20 milliards supplémentaires. Cependant, un écart financier subsiste, nécessitant entre 1 et 3 milliards d'euros par an pour permettre aux quelque 4500 entreprises du complexe militaro-industriel français de répondre aux attentes croissantes.
Cette situation survient alors qu'un surplus important d'épargne nationale, estimé à 2600 milliards d'euros, pourrait être redirigé vers ces priorités stratégiques. Toutefois, cette réorientation soulève des interrogations sur les sacrifices consentis au niveau des critères ESG, qui avaient jusque-là guidé les politiques financières responsables.
En adoptant cette approche, la France met en lumière une tension croissante entre sécurité nationale et durabilité globale. Si la modernisation de l'industrie de la défense est essentielle dans un monde incertain, elle ne doit pas se faire au détriment d'une transition écologique et sociale justifiée. Ce dilemme invite à repenser comment allier progrès technologique et respect des valeurs environnementales.