« Israël a perdu son humanité dans cette guerre », dénonce Gideon Levy

Oct 6, 2024 at 12:35 PM

Gideon Levy, la conscience critique d'Israël

Depuis 1982, Gideon Levy, journaliste au quotidien Haaretz, est devenu une voix rare et courageuse, se rendant régulièrement dans les territoires palestiniens occupés pour dénoncer l'occupation et l'apartheid. Malgré ses origines juives et le fait que ses grands-parents soient morts dans un camp de concentration nazi, il n'hésite pas à critiquer la politique de l'État d'Israël.

Une voix dissonante dans un paysage médiatique verrouillé

Le choc du 7 octobre et la perte d'empathie de la société israélienne

Lorsque Gideon Levy a appris les événements du 7 octobre, il a d'abord cru à une protestation qui allait mener à une forme de liberté pour Gaza, avant de réaliser l'ampleur du drame. Il décrit alors un traumatisme profond au sein de la société israélienne, qui a perdu toute empathie envers les Palestiniens, désormais perçus comme des ennemis à abattre. Le racisme, la haine et la soif de vengeance sont devenus légitimes, au point de tuer la gauche israélienne. Levy regrette que la majorité des Israéliens ait accepté cette dérive, aveuglés par la propagande et incapables de voir la réalité de la situation à Gaza.

L'occultation médiatique de la réalité palestinienne

Selon Levy, la plupart des Israéliens ignorent ce qui se passe réellement à Gaza, les médias évitant de montrer les images des souffrances de la population. Malgré l'ère du numérique et des réseaux sociaux, la majorité des citoyens ne veulent pas voir ni savoir ce qui se passe, préférant se fier à la version officielle. Seul le journal Haaretz ose montrer la réalité, tandis que les autres médias se comportent comme les médias russes, par calcul commercial plutôt que par pression gouvernementale.

L'instrumentalisation de l'antisémitisme pour étouffer la critique

Levy dénonce l'utilisation cynique de l'antisémitisme par la propagande israélienne pour discréditer toute critique de la politique d'Israël. Il affirme que la plupart des personnes qui condamnent les actions d'Israël ne sont pas antisémites, mais des gens de conscience qui exigent que le gouvernement israélien mette fin aux massacres. Il appelle à ne pas tomber dans ce piège et à avoir le devoir de critiquer Israël, dans un contexte d'occupation et de colonisation depuis 50 ans.

L'absence de sanctions internationales contre Israël

Levy s'étonne que la communauté internationale n'agisse pas contre Israël, comme elle l'a fait contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine ou contre l'Afrique du Sud pendant l'apartheid. Il déplore que personne ne parle de sanctions contre Israël, malgré les massacres à Gaza et l'invasion du Liban. Pour lui, seule une intervention internationale forte pourrait permettre de changer la donne.

L'impossibilité d'un changement de la société israélienne

Levy est pessimiste quant à la possibilité d'un changement de la société israélienne, qu'il juge désormais "totalement aveugle" et "lavée de cerveau". Il ne voit pas comment Israël pourrait revenir à la raison, tant que les médias et les dirigeants ne feront rien pour rétablir l'empathie envers les Palestiniens. Selon lui, les Israéliens ont perdu leur humanité dans cette guerre et ne voient plus les Palestiniens comme des êtres humains.