En Israël, un an après le 7-Octobre, deux commémorations dans un pays fracturé

Oct 5, 2024 at 6:00 PM
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Israël, un an après le pire massacre de son histoire : un pays divisé face à la commémoration

Un an après le pire massacre de son histoire, Israël ne peut que constater l'ampleur de ses divisions. L'union nationale qui avait prévalu après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 n'a pas résisté à douze mois de guerre. Le ressentiment des familles d'otages et de victimes envers le gouvernement est tel que même sur le sujet hautement symbolique de la commémoration de cette journée tragique pour l'Etat hébreu, les uns et les autres ne sont pas parvenus à s'entendre.

Une commémoration au cœur des tensions politiques

### La décision controversée du gouvernementÀ la tête de la coalition la plus radicale de l'histoire du pays, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a chargé la ministre des transports, Miri Regev, d'organiser la cérémonie pour commémorer la mort des 1 200 victimes du mouvement islamiste et le souvenir des 251 personnes prises en otages. Cette annonce, le 18 août, a été perçue comme une provocation pour nombre de familles de victimes, notamment celles des kibboutz bordant Gaza, les principaux touchés le 7-Octobre, dont l'électorat est plutôt marqué à gauche.Promotrice de l'idée que la droite incarne l'Etat, prompte à assimiler toutes les attaques contre son camp à des attaques contre Israël, Miri Regev est l'une des principales cadres du parti de Nétanyahou, le Likoud. Elle s'est notamment fait connaître en accusant des immigrants illégaux originaires du Soudan — pourtant peu nombreux — d'être « un cancer dans le corps de la nation » ; devant l'esclandre, elle avait surenchéri, affirmant qu'elle « était heureuse d'être une fasciste ».### Le refus des artistes de participerPour Yotam Shimriz, membre d'un collectif représentant les communautés bordant la bande de Gaza, survivant du kibboutz de Kfar Aza et dont le frère, Alon, a été tué par erreur par des soldats israéliens dans la bande de Gaza alors qu'il venait de réussir à échapper à ses ravisseurs, il est hors de question de laisser l'initiative d'un hommage aux victimes au gouvernement : « C'est le gouvernement qui était au pouvoir le 7 octobre [2023]. Il n'a pas rencontré les familles, il n'a pas pris ses responsabilités, il n'a pas formé de commission d'enquête et je ne souhaite pas qu'il décide de la façon dont on se souviendra de mes amis, de la façon dont on se souviendra de mon frère », a-t-il déclaré à une radio israélienne en août.### Une commémoration marquée par les divisionsCette décision a également suscité le refus de nombreux artistes de participer à la cérémonie officielle, préférant organiser leurs propres hommages. Certains ont même appelé à boycotter l'événement gouvernemental, estimant qu'il ne reflétait pas la douleur et le chagrin des familles. Cette fracture au sein de la société israélienne illustre la profondeur des divisions qui traversent le pays, un an après le pire attentat de son histoire.### La quête d'unité nationaleMalgré ces tensions, le gouvernement espère que cette commémoration pourra être l'occasion de rassembler le pays autour d'un moment de recueillement et de solidarité nationale. Mais les blessures sont encore vives, et il sera difficile de panser les plaies d'une société profondément divisée par ce drame. La quête d'unité nationale semble encore lointaine, alors qu'Israël peine à faire le deuil de cette tragédie.