Bordeaux sous la loupe : Une gestion municipale sous surveillance

Nov 6, 2024 at 4:29 PM
Depuis 2017, la Cour régionale des Comptes a passé au crible la gestion de la ville de Bordeaux, dirigée par le maire Pierre Hurmic. Le rapport publié ce mercredi dresse un bilan mitigé, soulignant à la fois la solidité des finances de la ville et certaines irrégularités qui nécessitent des actions correctives. Plongeons dans les détails de cet audit révélateur.

Une ville en quête d'équilibre financier

Des finances saines, mais des tendances préoccupantes

Selon les magistrats financiers, la ville de Bordeaux jouit d'une situation financière qualifiée de "saine". Avec des produits annuels avoisinant les 380 millions d'euros en 2022, un autofinancement en progression et une dette limitée à 4,9 années de remboursement, la ville semble bien gérée sur le plan budgétaire. Cependant, la Cour régionale des comptes relève un changement de tendance depuis 2019, où les produits de gestion, portés par les ressources fiscales, ont commencé à augmenter moins rapidement que les charges.

Un seuil de trésorerie artificiellement élevé

La Cour pointe également un seuil de trésorerie "artificiellement haut", qui ne respecterait pas le plafond légal du délai de paiement vis-à-vis des entreprises. Cette situation, si elle n'est pas corrigée, pourrait avoir des répercussions sur les relations de la ville avec ses fournisseurs et partenaires économiques.

Des pistes d'amélioration à explorer

Bien que la situation financière de Bordeaux soit globalement saine, les magistrats financiers invitent la collectivité à se pencher sur certains aspects afin d'optimiser sa gestion. Des efforts sont notamment attendus pour mieux maîtriser l'évolution des charges et respecter les délais de paiement légaux envers les entreprises.

Une organisation administrative à revoir

Un cabinet municipal pléthorique

La Cour régionale des comptes pointe du doigt l'organisation administrative de la ville, en particulier la taille du cabinet du maire. Selon la loi, le maire peut recruter jusqu'à 7 collaborateurs pour l'accompagner dans ses fonctions, or le cabinet de Pierre Hurmic en compte 94 en mai 2023. Les magistrats recommandent donc à la ville de revoir son organisation afin que le cabinet n'intervienne pas dans la gestion des services et que les agents qui le composent soient hiérarchiquement rattachés à la direction générale des services.

La ville s'engage à prendre en compte la recommandation

Dans sa réponse, la ville de Bordeaux a indiqué qu'elle "prendra en considération dans son organisation" cette recommandation de la Cour, sans pour autant entrer dans les détails de la mise en œuvre.

Un absentéisme préoccupant

Des taux d'absentéisme supérieurs à la moyenne

L'audit de la Cour régionale des comptes a également mis en lumière un taux d'absentéisme des agents municipaux supérieur à celui des autres collectivités de taille comparable. En moyenne, les agents permanents de la ville s'absentent 46 jours par an, contre 36 en 2017. Le coût financier théorique de cet absentéisme est estimé entre 7,8 et 9,3 millions d'euros en 2020.

Des explications contestées par la ville

La ville de Bordeaux conteste la pertinence des comparaisons effectuées, expliquant que la mutualisation en 2016 de la quasi-totalité des fonctions ressources, issues principalement de la filière administrative, aurait eu pour effet d'accroître la proportion d'emplois techniques et de métiers exposés à des facteurs de pénibilité. Cependant, la Cour régionale des comptes n'a pas reçu d'éléments probants confirmant cette hypothèse.

Des pistes d'amélioration à explorer

Bien que la ville ait engagé une réflexion sur la question et lancé une cartographie détaillée de l'absentéisme dans les établissements de la petite enfance, la Cour enjoint la collectivité à aller plus loin dans l'analyse et la mise en place d'actions correctives.