Bataille budgétaire : Chacun défend son pré carré
Alors que le gouvernement Barnier s'apprête à présenter son projet de budget 2025, les différents acteurs concernés - collectivités locales, PME, ministère de la Justice - font entendre leurs voix, craignant une hausse des impôts et un manque de réformes. Cette anicroche au sein de la coalition gouvernementale met en lumière les tensions entre les macronistes et la droite à l'Assemblée nationale.Une coalition gouvernementale fragilisée par des désaccords budgétaires
Des craintes de "trop d'impôts" et "pas assez de réformes"
Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République (EPR), a exprimé ses inquiétudes concernant le projet de budget 2025, redoutant "trop d'impôts" et "pas assez de réformes". Bien que Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, ait évoqué un "accord plein et entier sur la direction" tracée, Attal a fait part de sa "crainte" que le budget n'intègre pas suffisamment de réformes et comporte trop de nouvelles charges fiscales.Une mésentente entre macronistes et républicains
Les tensions entre le parti Renaissance et Les Républicains (LR) se sont une nouvelle fois manifestées de manière spectaculaire, notamment lors de l'élection à la présidence de la commission des Affaires économiques à l'Assemblée nationale. L'accord entre Gabriel Attal et Laurent Wauquiez pour la répartition des postes-clés au Parlement a été rompu, fragilisant la solidarité au sein de la coalition gouvernementale.Une préoccupation du Premier ministre
Cette passe d'armes fratricide entre les deux leaders de la coalition a "échaudé" Michel Barnier, qui a fait part de sa "préoccupation" face à une "solidarité" de ses alliés "qui n'avait pas été au rendez-vous". Gabriel Attal a pour sa part dénoncé en privé un projet "funeste" de la droite, une séquence qui viendrait, selon lui, "fragiliser la confiance" au sein du gouvernement.Un appel à la concentration sur "l'intérêt du pays"
Face à ces tensions, Gabriel Attal a appelé à ne pas tomber "dans un piège" et à se concentrer sur "l'intérêt du pays", plutôt que de s'enliser dans des querelles partisanes.Des réformes controversées
Au-delà des désaccords sur le budget, Gabriel Attal a également exprimé des réserves sur certaines mesures envisagées, comme la hausse prévue des charges pour les entreprises, la hausse plus forte que prévu sur l'électricité, le gel des retraites pendant six mois et d'autres mesures fiscales qu'il juge trop lourdes pour les Français. Il a suggéré la reprise de la réforme de l'assurance-chômage, sur laquelle Michel Barnier a préféré redonner la main aux partenaires sociaux.Un effort budgétaire partagé
Le projet de loi de finances (PLF) 2025 prévoit 40 milliards d'euros d'économies sur les dépenses et 20 milliards de recettes supplémentaires via des hausses d'impôts et des augmentations de cotisations sociales, essentiellement pour les entreprises. Face à ces efforts, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a mis en garde contre une "spirale infernale de la dette", appelant chacun à "arrêter de jouer au chamboule-tout avec toutes les pistes d'économies".Les collectivités locales dans le viseur
Les collectivités locales sont particulièrement remontées contre un effort éventuel de 5 milliards d'euros demandé par l'État. Le président de l'Association des maires de France, David Lisnard (LR), a critiqué cette situation, estimant que "l'État demande aux autres d'assumer ses propres turpitudes et ce n'est pas acceptable". Michel Barnier a tenté de rassurer, promettant de "protéger les collectivités les plus fragiles", tout en affirmant que "l'effort doit être partagé".Les PME inquiètes des hausses de cotisations
Les PME protestent également contre toute remise en cause partielle des allégements de cotisations patronales ou des aides à l'embauche d'apprentis, considérant qu'il s'agit d'une "augmentation du coût du travail", selon le secrétaire général de la CPME, Jean-Eudes du Mesnil du Buisson.Des mouvements d'humeur au sein de l'équipe gouvernementale
Le Premier ministre doit également faire face à des mouvements d'humeur au sein de sa propre équipe. La ministre de l'Éducation Anne Genetet a réclamé que le budget de l'école soit "sanctuarisé", tandis que le garde des Sceaux Didier Migaud a prévenu que les crédits accordés à la Justice "ne seraient pas satisfaisants", tout en affirmant être "mobilisé" pour que les engagements quant aux effectifs "soient tenus".Une volonté de réduction du déficit
Face aux protestations, le gouvernement répète que ses propositions "ne sont pas figées", à condition que la réduction du déficit soit au rendez-vous. Cependant, les différents acteurs concernés restent vigilants et défendent leurs intérêts, dans un contexte de tensions au sein de la coalition gouvernementale.