Un budget sous haute tension pour le gouvernement de Barnier

Oct 9, 2024 at 5:43 PM

Barnier face à un budget miné : un défi de taille pour le Premier ministre

À l'approche de la présentation du budget en Conseil des ministres, le Premier ministre Michel Barnier se prépare à des discussions tendues. Entre des ministres mécontents, une gauche hostile, une coalition présidentielle qui veut se faire entendre et un Rassemblement national louvoyant, les prochaines semaines s'annoncent particulièrement difficiles.

Un budget sous haute tension pour le gouvernement

Des voix discordantes au sein du gouvernement

Après avoir évoqué différentes pistes lors de son discours de politique générale, aidé par Bercy qui a dévoilé quelques mesures, Michel Barnier dévoile maintenant les arbitrages chiffrés sur le budget 2025. Une étape délicate qui risque de froisser certains ministres. "On va probablement avoir des voix dissonnantes au gouvernement dans les heures qui suivent, sûrement beaucoup plus que d'habitude", admet le député Renaissance David Amiel.Certains ont déjà commencé à s'exprimer, comme le ministre de la Justice Didier Migaud qui s'est inquiété mardi devant les députés d'un "budget pas satisfaisant", évoquant une baisse de 487 millions d'euros pour son ministère. La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a tenté de rassurer en évoquant une "hausse des effectifs" du ministère de la Justice, mais a reconnu qu'il faudra que "chacun accepte aussi de faire des efforts".

Une coalition présidentielle divisée

La coalition présidentielle elle-même n'est pas exempte de tensions. Gabriel Attal, président des députés macronistes, a organisé une conférence de presse pour exprimer la "crainte" que le budget n'intègre "pas assez de réformes et trop d'impôts", risquant de "déstabiliser nos industries et la classe moyenne qui travaille". De son côté, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin n'a pas mâché ses mots ces dernières semaines, accusant Michel Barnier de préparer un "choc fiscal" qui pourrait "tuer la croissance". Cependant, un député macroniste relativise : "Ils font monter la pression mais ça va redescendre. Les deux personnes en charge de Bercy sont issues de nos rangs. Donc à la fin, on va les soutenir quand ils vont faire la tournée des médias ce week-end."

Une Assemblée nationale balkanisée

Les débats à l'Assemblée nationale s'annoncent également très tendus. Avec une Assemblée "balkanisée", chaque groupe politique voudra "tirer la couverture à lui", selon un vieux routier de l'Assemblée. Même si le gouvernement a promis de reprendre "les bonnes idées" des autres partis, les discussions s'annoncent "cauchemardesques".La droite, notamment les Républicains, entend bien faire entendre sa voix, en particulier sur la question des retraités. Le président des députés LR, Laurent Wauquiez, a déjà prévenu qu'il refusait que les retraités soient "mis à contribution". Le Sénat, dominé par le centre et la droite, devrait également se positionner en soutien sur ce sujet.

L'ombre du 49.3

Dernier défi de taille pour Michel Barnier : l'éventualité d'un vote sur le budget. Rares sont ceux à imaginer le gouvernement aller au vote sans majorité. Le Premier ministre n'a d'ailleurs pas caché qu'il utiliserait l'arme du 49.3 si nécessaire, comme l'avait fait à de nombreuses reprises sa prédécesseure Élisabeth Borne.Cependant, le recours au 49.3 comporte aussi des risques pour le gouvernement, notamment celui d'une motion de censure. Mais un député LR estime que "sans soutien du RN pour le renverser, Barnier ne peut pas tomber". Un élu Modem va même plus loin, prédisant que "censure ou pas, on risque quand même de voir au travers de son costume à la fin du budget".Bref, Michel Barnier fait face à un véritable défi avec ce budget 2025, entre tensions au sein du gouvernement, divisions au Parlement et menaces de blocages. Un exercice d'équilibriste qui s'annonce particulièrement périlleux pour le Premier ministre.