Un maire face à la prohibition de circuler en ville sa Saab 900

Nov 18, 2024 at 4:16 PM
Dans le parvis de la mairie de Savigné-sur-Lathan, Hugues Brun se tient avec une main sur sa Saab 900 de couleur noire impeccable. Il ressent le sens du drame car, à partir du 1er janvier 2025, la zone de faible émission (ZFE) de la Métropole de Tours entrera en vigueur, interdisant aux voitures immatriculées avant 1997 de circuler. Son véhicule, acheté en 1998 à la naissance de sa fille, est donc en danger.

Le projet et son impact

Hugues Brun a vaguement su du projet, mais c'est seulement en lisant le détail dans La Nouvelle République qu'il a compris la situation. Son élégante Suédoise, achetée de seconde main, est immatriculée en 1996 et sera désormais refoulée à la frontière de la ville. Il a fait ses études à Tours et aime y retourner, mais à partir de janvier, il ne pourra plus le faire. Il a même envisagé de laisser son véhicule dans un parking relais hors du périmètre de la zone à faible émission.

Depuis que sa Saab n'est plus la bienvenue en ville, Hugues Brun a envisagé plusieurs solutions. Il est trop attaché à sa voiture pour la vendre et le coût des véhicules d'occasion est élevé. Pour ses achats en ville, il pourrait se tourner vers Saumur, qui est presque à la même distance que Tours. S'il veut aller à Tours, il peut prendre le bus, mais il n'y en a pas à toute heure. Il a même regardé le train à Langeais pour rejoindre la gare de Saint-Pierre-des-Corps. Il a également étudié la possibilité de basculer sa voiture en véhicule de collection, car ces derniers bénéficient d'une dérogation.

Le point de vue politique

En tant que « porte-parole de cette France périphérique », Hugues Brun s'exprime avec force. Il estime que c'est nos véhicules de campagne qui sont stigmatisés, ceux que l'on tire jusqu'au bout parce qu'on n'a pas l'argent pour en changer. Pour ce maire d'une commune rurale éloignée des grandes villes, la zone à faible émission « vient remettre une couche sur un sentiment d'exclusion ». Il dénonce une mesure qu'il pense être « de l'écologie punitive ».

Il entend porter cette voix prochainement jusqu'à la préfecture. Il envisage de décliner l'invitation à la cérémonie des vœux car son véhicule sera interdit dans la Métropole le 10 janvier. Il ne pourra donc pas y venir. C'est une situation qui lui cause beaucoup de peine et il estime que la Métropole ne prend pas assez en compte les besoins des habitants ruraux.