Dans une décision marquant un tournant pour la ville, Montmorillon mettra fin en 2032 à ses liens avec l’abattoir historique. Ce site, qui a traversé des décennies de transformation économique et sociale, symbolise à lui seul les défis auxquels font face les infrastructures locales héritées du passé industriel.

Les années 2000-2010 ont été marquées par une instabilité financière majeure pour cet établissement. En janvier 2012, le tribunal de commerce de Poitiers a déclaré la cessation des paiements de la Société anonyme d’économie mixte (SAEM) gérant l’abattoir. Cette situation a menacé trente-six emplois essentiels dans la région. Pourtant, malgré les efforts municipaux visant à réhabiliter l’installation avec un investissement initial de 731.000 € HT dès 2005, les besoins réglementaires en matière de traitement des eaux usées et des graisses ont pesé lourdement sur les finances communales.

En juin 2012, la Coopérative des éleveurs de la Marche (Celmar) a repris l’exploitation sous certaines conditions strictes. Parmi celles-ci, la garantie du maintien de vingt-huit postes et un bail emphytéotique de vingt ans assorti d’une option d’achat symbolique en 2032. Cependant, ces accords n’ont pas suffi à compenser les coûts engendrés par l’emprunt municipal. Le maire Bernard Blanchet a souligné que chaque emploi lié à l’abattoir entraînait une dépense annuelle de près de 40.000 € pour la ville. Ces chiffres montrent clairement l’impact financier considérable supporté par Montmorillon tout au long de cette période.

Au-delà des aspects économiques, cette affaire illustre l’importance de l’équilibre entre préservation des emplois locaux et gestion durable des ressources publiques. Bien que l’abattoir ait connu des périodes bénéficiaires sporadiques, comme en 2018, il a également traversé des moments difficiles, notamment avec des pertes significatives enregistrées en 2020 et 2022. La reprise par le groupe T’Rhéa en 2023 marque une nouvelle étape dans cette histoire complexe. Si l’entreprise continue de prospérer avec un effectif stable de 37 employés et un chiffre d’affaires croissant, elle reste néanmoins un rappel constant des sacrifices financiers consentis par la commune. Ainsi, cette transition invite à réfléchir sur la manière dont les collectivités peuvent mieux anticiper et adapter leurs stratégies pour répondre aux évolutions économiques et sociales futures.