Tunisie: fermeture des bureaux de vote au terme d’une présidentielle dont Kais Saied est favori

Oct 6, 2024 at 5:41 PM

Élection présidentielle en Tunisie : Kais Saied favori pour un second mandat malgré une faible participation

Le président tunisien sortant Kais Saied a voté dimanche 6 octobre 2024 dans un bureau de vote à Tunis, alors que le taux de participation à l'élection présidentielle s'est établi à près de 28%, un niveau historiquement bas depuis l'avènement de la démocratie en 2011. Bien que donné favori pour une réélection, le scrutin a été marqué par l'élimination de ses principaux concurrents et des critiques sur le verrouillage du processus électoral.

Une élection sous haute tension dans un contexte de crise économique et politique

Une participation en berne malgré les appels à voter

Le taux de participation de 27,7% enregistré lors de ce premier tour de l'élection présidentielle tunisienne représente un record historique de faible mobilisation depuis 2011. Alors qu'en 2019, près de 45% des électeurs s'étaient déplacés aux urnes, ce scrutin a été boudé par une grande partie de l'électorat. Le président de l'autorité électorale, Farouk Bouasker, a toutefois qualifié ce taux de "respectable", malgré les critiques sur le verrouillage du processus électoral par le président sortant.Tout au long de la journée, les électeurs ont afflué de manière inégale dans les bureaux de vote. Si le rythme a été soutenu le matin, il a connu un ralentissement en milieu de journée avant de repartir à la hausse en fin d'après-midi. Les électeurs étaient principalement des personnes d'âge mûr ou âgées, avec peu de participation des jeunes. Certains électeurs, comme Hosni Abidi, ont exprimé des craintes de manipulations des résultats, souhaitant "cocher eux-mêmes la case de leur candidat".

Un scrutin verrouillé avec des candidats de second rang

Initialement, 17 candidats s'étaient déclarés pour cette élection présidentielle. Cependant, seuls deux d'entre eux ont finalement été autorisés à affronter Kais Saied : Zouhair Maghzaoui, un ex-député de la gauche panarabiste, et Ayachi Zammel, un industriel libéral inconnu du grand public et emprisonné depuis septembre pour des soupçons de faux parrainages.Selon les experts, ces deux candidats sont considérés comme des "seconds couteaux" face au président sortant, qui a réussi à écarter ses rivaux les plus sérieux. La sélection même des candidats a été contestée, notamment en raison du nombre élevé de parrainages exigés et de l'emprisonnement de candidats potentiels connus.

Un président sortant toujours populaire mais critiqué

Élu en 2019 avec près de 73% des voix, Kais Saied jouissait encore d'un soutien important dans les classes populaires au moment de ce scrutin. Cependant, il fait l'objet de nombreuses critiques, notamment pour avoir consacré trop d'énergie à régler ses comptes avec ses opposants, en particulier le parti islamo-conservateur Ennahdha, et pour son incapacité à sortir le pays d'une profonde crise économique.Depuis son coup de force de l'été 2021, qui lui a permis de s'emparer des pleins pouvoirs, le président Saied est accusé par les ONG tunisiennes et étrangères ainsi que par l'opposition d'avoir engagé une "dérive autoritaire", avec un démantèlement des contrepouvoirs et un étouffement de la société civile.

Des enjeux majeurs pour l'avenir de la Tunisie

Malgré la faible participation, cette élection présidentielle revêt une importance cruciale pour l'avenir de la Tunisie. Après un premier mandat consacré à "lutter contre les forces du complot sous influences étrangères", le président Saied a promis une "traversée (…) vers une nouvelle Tunisie" dans les cinq ans à venir.Cependant, de nombreux observateurs restent sceptiques quant à la capacité du président à tenir ses promesses et à sortir le pays de la crise économique et politique dans laquelle il est plongé. La question de la consolidation de la démocratie tunisienne et du respect des libertés fondamentales reste au cœur des enjeux de ce scrutin.