Sauver les églises de France : une proposition controversée

Oct 25, 2024 at 4:00 AM
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Selon la ministre de la Culture, faire payer l'entrée de Notre-Dame pourrait permettre de sauver toutes les églises de France. Une idée qui soulève de nombreuses questions et critiques.

Une solution radicale pour renflouer les caisses

Une proposition choc

À quelques semaines de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a lancé une proposition pour le moins surprenante. Selon elle, faire payer l'entrée de la célèbre cathédrale pourrait permettre de renflouer les caisses et de sauver toutes les églises de France. Une idée qui a rapidement été soumise à l'archevêque de Paris.

Des calculs simplistes

Pas besoin de savants calculs, selon Rachida Dati. Une simple multiplication suffirait : 5 euros par touriste rapporteraient 75 millions d'euros. Une vision purement comptable du patrimoine, qui fait fi de la loi de 1905 interdisant de faire payer l'entrée des lieux de culte. Pour la ministre, il s'agirait d'un "effort collectif" pour sauver les églises, dans un contexte de restrictions budgétaires pour le ministère de la Culture.

Une proposition controversée

Cette idée n'est pas nouvelle. Dès 2017, Stéphane Bern, l'apôtre du patrimoine, avait évoqué la possibilité de faire payer l'entrée de certaines églises, tout en précisant que les fidèles continueraient de pouvoir y entrer gratuitement, mais à certaines heures. Une proposition qui soulève de nombreuses critiques, notamment sur la privatisation d'un espace public.

Une vision comptable du patrimoine

Derrière cette annonce se cache une vision purement comptable du patrimoine, qui romprait avec la philosophie de la loi de 1905. Une vision qui s'éloigne de la démocratisation culturelle, alors que d'autres pistes plus justes et plus efficaces pourraient être explorées, comme l'augmentation de la taxe de séjour ou une meilleure taxation des Airbnb.

Une proposition politicienne

Certains y voient également une manœuvre politicienne de la part de Rachida Dati, qui préfère s'en prendre à la maire de Paris, Anne Hidalgo, plutôt que de se concentrer sur des solutions concrètes pour sauver le patrimoine. Une façon de faire d'une pierre deux coups, en s'attaquant à la fois à la mairie de Paris et à la question des églises.

Un patrimoine accessible à tous

Au-delà des aspects financiers, cette proposition soulève également des questions sur l'accessibilité du patrimoine. Les églises sont depuis longtemps des lieux ouverts à tous, où chacun peut entrer sans obligation de prier. Une philosophie que la loi de 1905 a su préserver, et que cette proposition remettrait en cause.

Un refuge pour les plus démunis

Les églises sont aussi un refuge pour de nombreuses personnes en situation de précarité, comme les sans-abri, les sans-papiers ou les bohémiens. Rendre payant l'accès à ces lieux risquerait de les en exclure, allant à l'encontre de leur vocation d'accueil et de solidarité.

Une vision à court terme

Au final, cette proposition de Rachida Dati semble davantage guidée par une vision à court terme, visant à renflouer les caisses, que par une réflexion approfondie sur la préservation et la démocratisation du patrimoine. Une vision qui ne fait pas l'unanimité et soulève de nombreuses interrogations.