L'industrie automobile européenne face aux défis des normes d'émissions de CO2
Les constructeurs automobiles européens se préparent à faire face aux nouvelles normes d'émissions de CO2 imposées par l'Union européenne. Alors que certains plaident pour un assouplissement des objectifs, d'autres comme Stellantis semblent prêts à relever le défi. Avec des amendes potentielles de plusieurs milliards d'euros, l'enjeu est de taille pour l'industrie.Une transition vers l'électrique semée d'embûches
Des objectifs d'émissions toujours plus ambitieux
Les normes européennes CAFE (Corporate Average Fuel Economy) fixent des objectifs d'émissions moyennes de CO2 pour les voitures vendues sur le territoire de l'UE. En cas de dépassement de ces seuils, les constructeurs s'exposent à de lourdes amendes. Ainsi, en 2020, cette norme a coûté plus de 500 millions d'euros aux marques qui n'ont pas atteint leurs objectifs.Depuis 2020, l'industrie automobile s'est conformée à ces exigences, au point où aucune amende n'a dû être payée en 2022. Cependant, les constructeurs redoutent les prochaines échéances, avec des objectifs moyens qui passeront à 93,6 g de CO2/km en 2025, puis à 49,5 g de CO2/km en 2030 et à 0 g de CO2/km en 2035, date à laquelle la vente de voitures thermiques neuves sera interdite dans l'UE.Une transition électrique plus lente que prévu
Plusieurs constructeurs plaident pour un assouplissement des seuils de CO2 à respecter en 2025, notamment en raison de la croissance des ventes de voitures électriques plus lente qu'imaginé en 2019. Cette énergie, qui joue un rôle crucial dans le respect des normes CAFE, a vu sa part de marché reculer en Europe au premier semestre 2024.L'ACEA, l'association des constructeurs automobiles européens, a averti que l'industrie automobile européenne "a investi des milliards dans l'électrification pour mettre des véhicules sur le marché, mais les autres ingrédients nécessaires à cette transition ne sont pas en place et la compétitivité de l'UE s'érode."Stellantis, un constructeur à contre-courant
Étonnamment, Carlos Tavares, PDG de Stellantis, connu pour son regard critique sur la marche forcée vers l'électrique de l'UE, se range cette fois du côté des institutions européennes. Il a ainsi déclaré qu'"il serait surréaliste de changer les règles maintenant" et a rappelé que "tout le monde connaît les règles depuis longtemps et a eu le temps de se préparer. Il est donc temps de faire la course."Ces déclarations laissent imaginer que Stellantis s'attend à respecter les objectifs d'émissions que l'UE impose au groupe. D'après les analyses de Dataforce, Stellantis aurait atteint une moyenne de 113 g de CO2/km sur ses voitures vendues dans l'UE lors du premier semestre 2024, tout juste au niveau de son objectif actuel. Le groupe table donc sur ses dernières nouveautés électriques pour faire baisser au plus vite ses émissions moyennes.Des stratégies pour éviter les amendes
Comme en 2020, il est probable que les constructeurs immatriculent un grand nombre de voitures électriques pour faire baisser leurs moyennes d'émission, quand bien même la demande ne serait pas au niveau. Les constructeurs ont aussi la possibilité de se rassembler au sein de pools, permettant à une marque qui dépasserait ses quotas d'émission de s'associer à un constructeur en dessous des siens, afin d'éviter les amendes de l'UE.Ces alliances se monnayent, ce qui peut être une aubaine pour une marque de voitures électriques comme Tesla. Cependant, cette stratégie ne représente qu'un palliatif temporaire, les constructeurs devant à terme atteindre les objectifs d'émissions fixés par l'UE.