Procès du RN : “J’ai apporté une brochure qui ne dit que du bien de moi, je l’ai fait réaliser par mes assistants fictifs”, la défense décalée de l’ex-numéro 2 du FN

Oct 8, 2024 at 7:16 PM

Gollnisch, l'ancien numéro 2 du Front national, fait face à la justice

Bruno Gollnisch, l'ancien numéro 2 du Front national, a comparu mardi devant le tribunal pour répondre d'accusations d'emploi fictif d'assistants parlementaires. Malgré ses longues démonstrations pour tenter de prouver "l'incompétence judiciaire" du tribunal, le tribunal a peiné à cacher son exaspération face à ses interminables explications.

Un ancien cadre du parti d'extrême droite confronté à la justice

Une comparution sous haute tension

Bruno Gollnisch est arrivé en avance à son interrogatoire, préparant soigneusement ses documents et brochures à son effigie. L'ancien numéro 2 du Front national semblait impatient de prendre la parole, mais sa défense s'est souvent éloignée des questions posées par le tribunal. Vêtu d'un blazer marine et d'un large pantalon de flanelle grise, Gollnisch s'est confortablement installé derrière le pupitre, prêt à livrer un long exposé sur sa vie et son parcours.

Une brochure "hagiographique" pour se mettre en valeur

Gollnisch a d'abord présenté une brochure "hagiographique" vantant ses mérites, qu'il a fait réaliser avec l'aide de ses assistants fictifs. Il a détaillé son parcours, de ses fonctions de "professeur de langue et civilisation japonaises à Lyon" aux défilés du 14 juillet à Hyères, en passant par son mandat de député européen depuis 1989. Il a également évoqué sa participation à des manifestations "défendons la famille" et contre "l'occupation d'églises" par des sans-papiers. Interrogé sur le financement de cette brochure, Gollnisch a confirmé qu'elle avait été imprimée avec l'argent du Parlement européen.

Une défense axée sur la "séparation des pouvoirs"

Sur le fond du dossier, Gollnisch s'est montré beaucoup plus avare de détails. Il a tenté de convaincre le tribunal de son "incompétence judiciaire" pour le juger, invoquant le principe de la séparation des pouvoirs. Malgré les efforts de la présidente et du parquet pour le faire avancer, Gollnisch est revenu à plusieurs reprises sur cet argument, allant jusqu'à demander aux représentants du tribunal de "se rallier à sa cause" pour "gagner du temps".

Des assistants parlementaires au service du parti

Comme d'autres anciens eurodéputés frontistes, Gollnisch est accusé d'avoir employé et rémunéré des assistants parlementaires qui travaillaient en réalité pour le parti entre 2004 et 2016. L'un d'eux, Micheline Bruna, a reconnu être "balancée" d'un contrat de député à l'autre, alors qu'elle ne travaillait que pour Jean-Marie Le Pen. Gollnisch a d'abord tenté de minimiser son lien avec Bruna, avant de finalement admettre qu'elle avait été rémunérée à partir de son enveloppe parlementaire, avec son accord.

Une défense en demi-teinte

Malgré ses longues démonstrations, Gollnisch a fini par reconnaître que des sommes avaient été affectées à la rémunération de Micheline Bruna à partir de son enveloppe parlementaire. Il a également admis que le Rassemblement national s'était "efforcé de faire coïncider le droit avec les faits", sous-entendant que des irrégularités avaient pu être commises. Cependant, il a rejeté la responsabilité sur le Parlement européen, affirmant qu'il n'avait "jamais" signalé d'irrégularités.