Pont-Saint-Esprit : Une Ville en Quête d'Équilibre Budgétaire et de Sécurité

Oct 31, 2024 at 12:00 PM
La ville de Pont-Saint-Esprit a récemment été le théâtre d'une réunion publique mouvementée, où la nouvelle équipe municipale a dévoilé les défis financiers et de sécurité auxquels la commune est confrontée. Des annonces fracassantes ont été faites, notamment concernant la construction controversée de la nouvelle gendarmerie et les choix budgétaires difficiles qui s'imposent.

Une Gendarmerie Sous Haute Surveillance

Des Risques de Ruissellement Menaçants

Le projet de construction de la nouvelle gendarmerie, initialement lancé par l'ancienne équipe municipale, s'est révélé être un véritable casse-tête pour la nouvelle administration. Selon le maire Valère Segal, le terrain initialement prévu pour la construction s'avère être dangereux, présentant un "fort risque de ruissellement" selon un rapport de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM). Cette situation pourrait entraîner des blocages d'accès et compromettre l'intervention des forces de l'ordre.Malgré ces préoccupations, le chantier de la gendarmerie s'est poursuivi et les locaux ont été livrés en 2023, sans que des mesures de sécurité adéquates n'aient été prises. Le maire affirme avoir alerté le secrétaire général de la préfecture et la procureure de la République de Nîmes sur les risques encourus, citant des extraits de documents confidentiels qui indiquent l'absence de dossier de loi sur l'eau et d'étude finalisée sur le ruissellement.

Un Fiasco Annoncé ?

Valère Segal accuse l'ancienne équipe municipale, menée par Claire Lapeyronie, d'avoir passé sous silence la nécessité de réaliser des bassins de rétention pour la nouvelle gendarmerie, estimés entre 8 et 10 millions d'euros. Selon lui, ces coûts supplémentaires auraient conduit à l'abandon d'autres projets, tels que la construction du futur collège, les travaux d'éclairage public et le risque de remboursement d'une subvention de 770 000 euros.Le maire qualifie cette situation de "fiasco" découlant d'"ambitions personnelles et de volontés politiques qui n'ont à aucun instant pris en compte le drame auquel nous pourrions être confrontés à tout moment." Il affirme avoir averti les autorités compétentes, mais déplore que "la sécurité n'ait pas été la priorité" dans ce dossier.

Un Débat Houleux

Lors de la réunion publique, l'ancien adjoint de Claire Lapeyronie, Vincent Rousselot, a remis en question les affirmations du maire, soutenant que le projet de gendarmerie n'était "concerné par aucun cours d'eau, ni zone inondable." Valère Segal a rétorqué que cette position était "contredite par beaucoup d'écrits, de rapports" et que les bassins de rétention seraient désormais "inévitables."L'adjoint Hervé Rouquette a également souligné que l'absence d'une étude sur le ruissellement à l'échelle de la commune bloquait tous les permis de construire déposés. Cette situation a suscité l'inquiétude de l'élue d'opposition Aurélie Delwarte, qui a remis en question l'attractivité de la ville face à une telle dette.

Une Responsabilité Partagée

Bien que la nouvelle équipe municipale pointe du doigt les décisions de l'ancienne administration, l'association Esprit citoyen, composée d'anciens colistiers de Claire Lapeyronie, a tenu à rappeler que le terrain de la gendarmerie avait été choisi en concertation avec les services de l'État. Ils soulignent également que les permis de construire ont été validés directement par la préfecture.L'association estime que l'État doit prendre ses responsabilités et accompagner financièrement la commune pour faire face aux coûts supplémentaires liés à l'évolution des normes. Ils regrettent que la réunion publique ait été "désastreuse pour l'image de Pont-Saint-Esprit" et qu'aucun point positif n'ait été évoqué, laissant les habitants dans l'inquiétude.

Des Finances Communales Sous Pression

Une Situation Budgétaire Délicate

Au-delà des défis liés à la gendarmerie, la nouvelle équipe municipale a également dénoncé les "manipulations comptables" de l'ancienne administration, notamment la "stratégie cachée de reporter d'année en année les projets prévus et annoncés." Selon les calculs de la nouvelle équipe, poursuivre les projets annoncés ferait passer l'encours de la dette de la ville de 10 millions d'euros en 2024 à 20,6 millions d'euros en 2028, dépassant le niveau d'endettement de la fin de l'ère Gilbert Baumet.Face à cette situation, la nouvelle équipe a fait le choix d'"abandonner quelques investissements," comme les travaux de la piscine municipale. Cependant, des investissements "imposés" comme l'Hôtel-Dieu et le terrain du futur collège restent à la charge de la commune, qui devra emprunter dans les prochaines années, au risque de flirter avec la "zone rouge."

Un Collège en Suspens

L'achat du terrain pour le futur collège, d'un montant de 3,1 millions d'euros, a également été remis en question par la nouvelle équipe municipale. Selon l'adjoint Hervé Rouquette, cette décision a été prise par l'ancienne maire Claire Lapeyronie "sans informer la population."Lors de la réunion publique, le maire Valère Segal a affirmé que l'achat de ce terrain n'était "pas possible" au vu de la situation budgétaire de la commune. Il s'est tourné vers le Département, représenté par le vice-président Christophe Serre, pour trouver une solution, avertissant que si le nouveau collège n'était pas construit à Pont-Saint-Esprit, il irait "certainement ailleurs."

Une Recherche d'Équilibre

Face à ces défis financiers, la nouvelle équipe municipale a annoncé quelques projets à venir, tels que le lancement d'une étude hydraulique globale, l'aménagement de logements pour accueillir des médecins dans la Cazerne, un plan pour la voirie et la mise en accessibilité de la salle des mariages de la mairie.Cependant, l'association Esprit citoyen remet en question la présentation alarmiste de la situation budgétaire, affirmant que "la situation financière de la commune n'a jamais été aussi bonne depuis 2011." Ils estiment que la nouvelle équipe utilise les chiffres "pour faire peur à la population et justifier son inaction" plutôt que d'assumer ses choix.La recherche d'un équilibre entre les investissements nécessaires et la maîtrise de la dette semble être le défi majeur auquel la ville de Pont-Saint-Esprit est confrontée, dans un contexte de tensions politiques et de divergences d'interprétation sur la situation réelle de la commune.