Normes CO2: les constructeurs automobiles européens réclament des «aides urgentes»

Sep 19, 2024 at 10:06 AM

L'industrie automobile européenne face à des défis sans précédent

L'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) a lancé un appel urgent aux institutions européennes pour obtenir des mesures d'aide avant l'entrée en vigueur des nouveaux objectifs de réduction des émissions de CO2 pour les voitures et les camionnettes en 2025. Bien que les constructeurs aient jusqu'à présent respecté les normes en vigueur grâce à l'essor de l'électrique et l'amélioration des moteurs thermiques, la baisse continue des ventes de véhicules électriques depuis fin 2023 complique sérieusement la situation.

Des défis majeurs pour atteindre les objectifs de décarbonisation

Nécessité d'un soutien urgent des pouvoirs publics

Les constructeurs automobiles européens font face à de nombreux défis pour atteindre les objectifs ambitieux de réduction des émissions de CO2 fixés par l'Union européenne. Malgré les efforts consentis pour électrifier leurs gammes et améliorer l'efficacité des motorisations thermiques, les constructeurs peinent à maintenir le rythme de la transition écologique. La baisse continue des ventes de véhicules électriques depuis fin 2023 en Europe, qui ne représentent plus que 12,6% des ventes contre 13,6% un an plus tôt, complique sérieusement la donne.Les constructeurs soulignent qu'ils "jouent leur part dans la transition" mais qu'ils "manquent de conditions essentielles pour stimuler la production et l'adoption de véhicules à émission zéro". Ils réclament ainsi des investissements massifs dans les infrastructures de recharge et de distribution d'hydrogène, un environnement de production compétitif, une énergie verte abordable, des incitations fiscales et des aides à l'achat, ainsi qu'un approvisionnement sûr en matières premières, en hydrogène et en batteries.

La menace des amendes et des réductions de production

Sans ce soutien urgent des pouvoirs publics, les constructeurs font face à la perspective "décourageante" d'amendes de plusieurs milliards d'euros, qui pourraient être mieux investies dans la transition, ou de réductions de production inutiles, de pertes d'emplois et d'un affaiblissement de la chaîne d'approvisionnement et de valeur européenne.L'ACEA, qui représente les principaux constructeurs européens, a ainsi demandé à la Commission européenne d'avancer à 2025 les révisions de la réglementation sur le CO2 pour les véhicules légers et les véhicules lourds, actuellement prévues pour 2026 et 2027 respectivement. Selon un document informel cité par Bloomberg et Le Monde, les constructeurs estimaient le montant potentiel des amendes à 13 milliards d'euros, ou bien devoir réduire leur production de véhicules thermiques de plus de deux millions d'unités, "soit l'équivalent de plus de huit usines", avec les pertes d'emplois associées.

La dissociation de Stellantis, un constructeur à part

Face à cette situation, le groupe Stellantis, deuxième constructeur européen, s'est démarqué de ses concurrents en défendant l'entrée en vigueur de la nouvelle norme. Son PDG, Carlos Tavares, a déclaré que "tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et donc maintenant on fait la course".Cette prise de position contraste avec la demande de l'ACEA d'activer une procédure d'urgence pour décaler de deux ans les normes renforcées. Stellantis semble ainsi prêt à assumer les défis de la transition écologique, quitte à subventionner ses concurrents moins performants en achetant des crédits d'émissions.

Des freins à l'adoption des véhicules électriques

Au-delà des enjeux réglementaires, les constructeurs font également face à des défis liés à l'adoption des véhicules électriques par les consommateurs. En Allemagne, premier marché européen, la suppression des bonus à l'achat a freiné les ventes. De plus, les modèles d'entrée de gamme n'arrivent que tout juste sur le marché, et les acheteurs s'inquiètent encore de l'autonomie limitée et des réseaux de recharge parfois insuffisants.Cependant, les experts prévoient un rebond des ventes de véhicules électriques en Europe en 2025, qui pourraient alors représenter entre 20% et 24% des ventes de voitures neuves, selon une étude du groupe de réflexion Transport & Environment (T&E). Les constructeurs devront donc redoubler d'efforts pour séduire les consommateurs et atteindre les objectifs ambitieux fixés par l'Union européenne.