Le Sénat français s'est lancé dans une mission d'information pour comprendre les raisons de l'explosion du déficit public, qui devrait atteindre 6,1% du PIB en 2024 selon les nouvelles prévisions du gouvernement. Alors que le budget initial prévoyait un déficit de 4,4%, celui-ci a été réévalué à 5,1% en avril dernier. Les sénateurs cherchent à déterminer s'il s'agit d'"erreurs de navigation" ou de "responsabilités assumées" par l'ancien exécutif.
Une Transparence Nécessaire pour Restaurer la Confiance
Comprendre les Causes du Dérapage Budgétaire
Les sénateurs ont entrepris une série d'auditions pour tenter de comprendre les raisons de cette dérive des finances publiques. Ils ont ainsi convoqué l'ancien ministre de l'Économie Bruno Le Maire, l'ex-ministre des Comptes publics Thomas Cazenave, le ministre actuel Gabriel Attal et l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne. L'objectif est de "purger l'abcès" avant l'examen du projet de budget pour 2025.Les parlementaires soulignent que le gouvernement disposait très tôt de notes internes du Trésor qui pressentaient un dérapage plus net que prévu, mais qu'il a tardé à en tenir compte. Ils regrettent "de vraies erreurs de navigation" de la part de l'ancien exécutif et "une espèce d'enfermement dans la certitude d'avoir raison malgré les chiffres".La Nécessité d'Assumer ses Responsabilités
Pour le rapporteur général du budget Jean-François Husson (Les Républicains), "il est normal d'essayer de comprendre ce qu'il s'est passé, les responsabilités de chacun. Il faut que chacun assume et dise comment la situation a été vécue" au sein du gouvernement. Cette volonté de transparence est d'autant plus importante que la majorité sénatoriale a basculé dans le "socle commun" soutenant le gouvernement Barnier.L'entourage de Bruno Le Maire assure que l'ex-ministre "assume toutes ses responsabilités" et s'emploiera à "rétablir les faits" face aux "mensonges" qui le touchent. Un autre parlementaire proche de "BLM" rappelle que Bercy avait réagi en annulant 10 milliards d'euros de crédits en février et en proposant un projet de loi de finances rectificative au printemps, sans succès.Une Enquête Approfondie pour Restaurer la Confiance
Ces auditions au Sénat préfigurent un autre rendez-vous crucial devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale, qui s'est dotée pour six mois des pouvoirs élargis de commission d'enquête pour se pencher sur le même dossier. Trois députés piloteront ces travaux : un président (Eric Coquerel, LFI) et deux rapporteurs, Eric Ciotti (UDR) côté oppositions et Mathieu Lefèvre (EPR) pour la majorité relative.Cette enquête approfondie vise à restaurer la confiance dans la gestion des finances publiques. Les parlementaires entendent faire toute la lumière sur les responsabilités de chacun et les erreurs commises, afin de tirer les leçons nécessaires pour l'avenir. La transparence et l'imputabilité sont essentielles pour regagner la confiance des citoyens et assurer une gestion saine des deniers publics.