Rien n’a encore changé à Beaublanc, mais depuis le dossier publié dans nos colonnes le 22 novembre dernier sur le visage de « Beaublanc 2029 », de nombreuses voix se sont fait entendre. Deux mois se sont écoulés depuis le début de la « phase opérationnelle » des travaux, qui devraient commencer par la démolition de la Maison municipale des sports. Nous avons révélé le dépôt d’un dossier à la préfecture et la direction régionale des affaires culturelles Nouvelle-Aquitaine (Drac) de Vincent Pécaud, le petit-fils de l’architecte de cette Maison municipale des sports, sous la forme d’une « demande de labellisation “architecture contemporaine remarquable” ».Une demande qui « change la donne »
Cette information semble n’avoir pas été connue du maire Émile Roger Lombertie, même si des bruits circulaient. Vincent Léonie, son adjoint chargé de l’urbanisme, a réagi vivement : « Les éléments que nous avons aujourd’hui sont dissonants par rapport au départ. À mon sens, cette demande devrait changer la donne. Il est urgent de ne pas se précipiter. On devrait temporiser, s’asseoir autour d’une table et rediscuter de ce projet. Ce n’est pas comme cela qu’on gère l’urbanité. On ne peut pas balayer d’un revers de main la demande de M. Pécaud, il faut l’avis de spécialistes. » L’élu ajoute : « Les arguments donnés par Sylvie Rozette, on les a eus, on a fait confiance. Mais on ne nous a clairement pas tout dit. »Le maire doit décider du sort de la Maison municipale des sports. La labelliser ? La détruire pour commencer en temps et en heure malgré la demande de Vincent Pécaud ? « Il s’agit là d’une demande à titre individuel en tant que défenseur de droit moral d’une œuvre artistique. J’attaque l’angle architectural, et je continuerai à me battre pour que cette œuvre soit préservée. » Avant d’ajouter : « je suis favorable à la modernité, mais je suis contre la destruction systématique. »« Il y a d’autres possibilités »
Sur le papier et selon la préfecture, la procédure de labellisation peut durer entre six et sept mois. Contactés, le maire de Limoges et son adjointe chargée des sports, Sylvie Rozette, n’ont pas souhaité s’exprimer sur la suite donnée à la demande de labellisation et les interrogations au sein de la majorité.Selon nos informations, une pétition lancée par des riverains et des usagers de la Maison municipale des sports pour préserver l’ancienne école de la Porcelaine est aussi en réflexion. Certains se dressent contre cette démolition, trop rapide à leur goût. « On a déjà détruit une partie des œuvres d’art de cet architecte, et puis dans quelques années, on aura tout perdu, » peste Michel Toulet, président de l’association Renaissance du Vieux Limoges. « Il y a des aménagements à revoir, des choses à faire, mais on se gargarise d’un tel projet en détruisant l’histoire de notre ville d’un coup de bulldozer. Il y a d’autres possibilités. »Des hypothèses que souligne également Vincent Léonie. « C’est un projet qui reste important pour Limoges, mais rénover la cathédrale du basket français pour 50 millions, est-ce que ça vaut le coup ? », s’interroge l’intéressé qui souhaite, comme les élus de l’opposition, voir associer le Département, la Région, et Limoges Métropole au projet. « Qu’on fasse une vraie salle de basket qui donnerait du sens au territoire. »L’adjoint chargé de l’urbanisme demande des « éclaircissements sur le projet de Beaublanc » et souhaite « une réunion de la majorité » sur le sujet. Dans une vidéo (voir ci-dessous), Thierry Miguel, figure de l’opposition à Limoges, regrette « la perte d’un élément important du quartier ».