Dans le domaine du running numérique, un phénomène étonnant a vu le jour : les "Strava Jockeys". Il s'agit de personnes engagées pour courir à la place d'autres utilisateurs afin d'améliorer leurs statistiques sur l'application Strava. Ce service permet aux clients de donner une apparence de régularité dans leur pratique sportive ou simplement d'embellir leur image auprès de leurs abonnés. À travers cette tendance croissante, notamment avant des événements comme le marathon de Paris, certains coureurs professionnels et amateurs ont trouvé un moyen lucratif d'exploiter ce créneau.

À Paris, Valentin, un jeune homme de 24 ans, s'est lancé dans cette activité après avoir découvert qu'il pouvait générer des revenus grâce à ses compétences en course à pied. Installé dans le jardin du Luxembourg, il explique que son service consiste à fournir des données précises de ses courses via une montre connectée, que les clients peuvent ensuite importer sur leurs comptes Strava. Cela leur permet ainsi de tromper leur entourage virtuel en affichant de meilleures performances. Les tarifs varient selon la distance parcourue et l'allure demandée. Par exemple, un semi-marathon peut coûter jusqu'à 80 euros, tandis qu'un 10 km à un rythme soutenu est estimé à environ 40 euros.

Cependant, cette pratique soulève des questions morales chez certains observateurs. Certains utilisateurs trouvent cela déconcertant, car ils considèrent que courir devrait être une activité personnelle et non une performance destinée à impressionner autrui. Une autre dimension de ce business réside dans les raisons variées qui motivent les clients : certains cherchent à masquer leur localisation réelle pour donner l'impression de se trouver dans une ville spécifique lorsqu'ils sont en réalité ailleurs.

Pour Mattéo, un autre "Strava Jockey", cette activité peut être vue comme une forme de divertissement entre amis ou une solution temporaire pour remplir un défi hebdomadaire manqué. Malgré tout, il reconnaît qu'il y a un aspect de tricherie inhérent à ce système. La taille exacte de ce marché reste difficile à mesurer, bien que quelques annonces sporadiques apparaissent sur des plateformes comme Leboncoin.

Au-delà des bénéfices financiers immédiats, cette tendance suscite des interrogations sur la nature de la motivation derrière la pratique sportive dans l'ère numérique. Elle reflète également un changement dans la manière dont les gens perçoivent et valorisent leurs activités physiques à travers les réseaux sociaux.