L’agence de notation S&P a maintenu la note de crédit de la France à AA-, mais avec une perspective négative. Cette décision souligne l’ampleur du défi que le gouvernement doit relever pour redresser les finances publiques et réduire le déficit. Le ministère de l’Économie affirme être déterminé à mettre en place des mesures structurelles pour maîtriser l’endettement et garantir un avenir économique stable.
Un Avertissement Majeur pour l’Économie Française
Les Incertitudes Budgétaires
L'annonce de S&P a jeté une lumière crue sur les incertitudes qui entourent la stratégie budgétaire française au-delà de 2025. L'agence met en garde contre le soutien politique inégal à la consolidation budgétaire, ainsi que le caractère temporaire des mesures visant à réduire le déficit. Cela signifie que les efforts actuels ne sont pas suffisamment solides pour garantir une amélioration durable des finances publiques. La croissance du PIB est également prévue pour chuter sous la barre des 1% cette année, ce qui ajoute une pression supplémentaire sur les finances de l'État. Pourtant, malgré ces préoccupations, le gouvernement insiste sur l'adoption de la loi de finances pour 2025 comme un tournant historique vers la résorption des déficits.Dans ce contexte, la nécessité d'une approche plus structurée devient évidente. Les mesures temporaires, comme la surtaxe d'impôt sur les sociétés, peuvent apporter un soulagement à court terme, mais elles reportent l'effort structurel sur les années suivantes. Ce scénario pose la question de la viabilité à long terme des politiques économiques actuelles. Il est impératif que le gouvernement se concentre sur des réformes durables qui puissent assurer une stabilité financière pérenne.Le Défi de la Maîtrise de la Dette
La perspective d’un coût moyen de la dette français équivalent à la croissance nominale du PIB d’ici 2028 est une source majeure d’inquiétude. Selon S&P, cela impliquerait que la France devrait réaliser un excédent budgétaire primaire pour espérer réduire le ratio dette/PIB. Or, ce n’est pas une tâche facile, surtout dans un pays où l’excédent budgétaire primaire n’a pas été atteint depuis 2001. Cette situation soulève des questions importantes sur la capacité du pays à gérer efficacement son endettement.Pour répondre à ce défi, le gouvernement a promis la mise en place d’outils de pilotage budgétaire inédits, notamment par le biais de réunions mensuelles entre les responsables de la dépense publique. Ces mesures visent à assurer que le cadrage de la dépense publique est respecté et que les objectifs budgétaires sont atteints. En outre, le plan d’action conjointement élaboré avec Amélie de Montchalin, chargée des Comptes publics, vise à inspirer des conclusions issues des travaux d’un comité d’experts installé mi-novembre. Ces initiatives pourraient jouer un rôle crucial dans la stabilisation des finances publiques françaises.La Réaction du Gouvernement
Face à cette menace, le ministère de l’Économie a affirmé sa détermination à relever le défi de redressement des finances publiques. La loi de finances pour 2025 est présentée comme un virage historique vers la résorption des déficits. Le gouvernement assure avoir mis en place des mécanismes de contrôle et de pilotage nécessaires pour garantir l’exécution du budget 2025 et maîtriser l’endettement du pays. Cependant, certains experts restent sceptiques quant à l’efficacité de ces mesures. Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, a observé qu’il n’y a guère eu de progrès significatifs dans la gestion des finances publiques françaises depuis la dernière notation de S&P. Il considère que l’évolution du déficit public, passant de 6 ou 6,1% du PIB en 2024 à 5,4% cette année, représente presque rien. Pour lui, ce "grand théâtre" autour du budget masque une réalité moins reluisante. Malgré tout, le gouvernement reste convaincu que ses actions auront un impact positif sur l’économie nationale.Comparaison avec d’Autres Agences de Notation
Il est important de noter que la note de la dette française est également évaluée par d’autres agences de notation. Moody’s classe la dette française à Aa3 avec une perspective stable, tandis que Fitch attribue également une note AA- avec une perspective négative. Ces variations entre les agences montrent que la perception des risques associés à la dette française n’est pas uniforme. Cela ajoute une couche de complexité à la compréhension de la situation économique globale du pays.En conclusion, bien que la note AA- témoigne encore d’une signature de très haute qualité, la perspective négative introduite par S&P rappelle l’importance de prendre des mesures concrètes pour assurer la stabilité financière à long terme. Le gouvernement doit donc continuer à travailler sur des réformes structurelles pour renforcer la confiance des investisseurs et garantir un avenir économique serein pour la France.