Le rapport récemment publié par la Cour des comptes du Sénégal a mis en lumière de sérieuses anomalies dans la gestion financière du pays entre 2019 et mars 2024. Ce document, attendu avec impatience, a confirmé les inquiétudes exprimées par le nouveau gouvernement concernant l'état réel des finances publiques. Il révèle que la dette publique et le déficit budgétaire sont beaucoup plus élevés que ce qui avait été précédemment annoncé, soulignant également des pratiques opaques et non conformes aux règles budgétaires.
Dans une analyse approfondie, le rapport met en exergue plusieurs points cruciaux. L'audit commandé par le président Bassirou Diomaye Faye dès son accession au pouvoir en avril 2024 a révélé des écarts significatifs entre les chiffres officiels et la réalité économique. Le montant total de la dette de l’administration centrale budgétaire s’élevait à 18 558,91 milliards de francs CFA au 31 décembre 2023, soit presque 100% du PIB. Cette somme dépasse largement les estimations antérieures. De plus, la dette bancaire contractée hors circuit budgétaire sans approbation parlementaire atteignait 2517,14 milliards FCFA au 31 mars 2024.
Les désaccords ne se limitent pas à la dette. Les déficits budgétaires réels ont été recalculés par la Cour des comptes pour l’année 2023, passant de 4,9 % du PIB annoncé à 12,3 %. Ces différences proviennent principalement de dettes et dépenses non comptabilisées ou extrabudgétaires. Le rapport mentionne également des irrégularités comme des rattachements irréguliers de recettes, des transferts opaques de fonds vers des comptes spécifiques et d'importants écarts entre les montants déclarés et réels des emprunts.
En outre, la masse salariale a augmenté de manière significative, passant de 744,96 milliards de F CFA en 2019 à 1303,50 milliards de F CFA en 2023, soit une hausse de 74,97 %. Ces révélations ont conduit le gouvernement à revoir sa stratégie financière, notamment en décidant de ne pas demander de décaissement supplémentaire au titre de la facilité de crédit triennale accordée par le Fonds monétaire international (FMI).
L’annonce de ces résultats a suscité des réactions internationales. Le FMI a indiqué qu'il analyserait le rapport et entamerait des discussions avec les autorités sénégalaises pour traiter les questions soulevées. Par ailleurs, le ministère sénégalais des finances a promis de centraliser la gestion de la dette publique et de mettre en place des contrôles stricts sur les projets financés par des ressources extérieures. Une réunion avec les investisseurs mondiaux est prévue prochainement.
Face à ces révélations, le ministre de la Justice a affirmé que les autorités judiciaires et policières examineraient ces faits avec rigueur et transparence, tout en respectant la présomption d'innocence. Ces mesures visent à restaurer la confiance dans la gestion des finances publiques et à assurer une meilleure transparence pour l'avenir.