En octobre, alors que la France n'avait toujours pas de budget défini, l'agence Fitch a maintenu sa note souveraine à « AA- » tout en exprimant une perspective négative. Cette décision mettait en lumière des défis politiques et budgétaires majeurs pour le pays. Depuis lors, les autres grandes agences de notation ont suivi le même chemin, soulignant l'importance croissante d'une réforme budgétaire solide face à un contexte économique incertain.
L'environnement politique français reste caractérisé par une fragmentation notable. Malgré l'adoption difficile d'un budget prévoyant 50 milliards d'euros d'économies pour 2025, notamment via une réduction des dépenses publiques et une taxe temporaire sur les bénéfices des grandes entreprises, les forces politiques peinent à mettre en place des mesures structurelles durables. Cela suggère que les efforts budgétaires pourraient être reportés à des périodes ultérieures, sans véritable assainissement à moyen terme.
Cette situation complexifie davantage la tâche du gouvernement, qui doit non seulement améliorer les finances publiques mais aussi augmenter ses dépenses militaires en réponse aux tensions internationales. Le contexte économique global, marqué par une croissance ralentie et des risques commerciaux, ajoute une pression supplémentaire. Les experts économiques s'interrogent sur la capacité du pays à réaliser ces objectifs avec un paysage politique inchangé, ce qui pourrait justifier une éventuelle dégradation de la note souveraine.
La nécessité de trouver des marges de manœuvre budgétaires devient de plus en plus urgente. En plus de l'assainissement des finances publiques, la France doit faire face à des dépenses militaires accrues, comme d'autres pays européens, suite aux tensions géopolitiques. L'environnement économique morose, avec une croissance prévue à 0,9% pour 2025, complique davantage cette tâche. De plus, l'augmentation des droits de douane imposée par les États-Unis menace la compétitivité européenne.
Les taux d'emprunt à dix ans des États européens ont grimpé en réaction aux dépenses militaires massives, affectant particulièrement les pays à forte dette comme la France. Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, souligne que la situation est plus critique pour la France, dont l'endettement est presque deux fois plus élevé que celui de l'Allemagne. Il estime qu'une dégradation de la note par Fitch serait logique, étant donné que tous les pays européens moins bien notés en 2024 affichaient un déficit public inférieur, à l'exception de la Roumanie. Cette analyse suggère que la France doit adopter des mesures plus audacieuses pour stabiliser sa position financière.