L'Allemagne, première économie européenne, est plongée dans une crise politique sans précédent. Le chancelier Olaf Scholz a décidé de limoger son ministre des Finances, Christian Lindner, et de demander la tenue d'élections anticipées pour sortir de l'impasse dans laquelle se trouve sa coalition gouvernementale. Cette décision choc intervient alors que le pays fait face à de nombreux défis économiques et géopolitiques, notamment avec le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis.
Une coalition gouvernementale minée par les dissensions
Querelles et ultimatums au sein de la coalition
Depuis des mois, la coalition gouvernementale formée par les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux est minée par de profondes dissensions politiques. Les désaccords portent notamment sur la politique économique, l'immigration et la lutte contre le changement climatique. Le ministre des Finances, Christian Lindner, chef du parti libéral FDP, a multiplié les ultimatums à l'encontre du chancelier Scholz, poussant ce dernier à prendre une décision radicale.Confronté aux « ultimatums » de son ministre des Finances, Olaf Scholz a jugé qu'il n'avait pas d'autre choix que de limoger Christian Lindner. Le chancelier a ensuite annoncé qu'il poserait la question de confiance aux députés, ouvrant ainsi la voie à des élections anticipées. Tous les membres du FDP ont d'ailleurs annoncé leur départ du gouvernement, scellant la fin de la coalition.Des priorités politiques irréconciliables
Les trois partis de la coalition gouvernementale ont des priorités politiques difficilement conciliables. Les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz veulent préserver leurs engagements sociaux, tandis que les Verts de Robert Habeck font pression pour accélérer la transition écologique, malgré les coûts économiques. De leur côté, les libéraux du FDP sont inflexibles sur le respect des limites constitutionnelles en matière de déficits budgétaires et de dette.Ces divergences ont miné la capacité du gouvernement à agir de manière cohérente et efficace pour relancer l'économie allemande, menacée de récession pour la deuxième année consécutive. Malgré les appels au rassemblement lancés par le vice-chancelier Habeck, les tensions au sein de la coalition se sont avérées insurmontables.L'ombre de Donald Trump
L'élection surprise de Donald Trump à la présidence des États-Unis a également pesé sur la stabilité de la coalition gouvernementale allemande. Olaf Scholz espérait que cette victoire inattendue forcerait sa fragile coalition à serrer les rangs face aux défis géopolitiques à venir. Mais c'est l'inverse qui s'est produit, les dissensions internes s'étant accentuées.Le retour de Trump au pouvoir, avec son approche protectionniste et ses confrontations diplomatiques, a en effet exacerbé les tensions au sein du gouvernement allemand. Le vice-chancelier Habeck a d'ailleurs souligné que dans ce contexte, le gouvernement devait être en "capacité totale d'agir", ce qui n'était manifestement plus le cas.Des élections anticipées inévitables
Confronté à l'impossibilité de poursuivre son mandat jusqu'aux prochaines élections prévues en septembre 2025, Olaf Scholz a donc décidé de demander la tenue d'élections anticipées. Les députés du Bundestag devront se prononcer le 15 janvier sur cette question, et les élections pourraient avoir lieu "au plus tard fin mars", selon les propos du chancelier.Cette décision intervient dans un contexte politique particulièrement tendu, avec les conservateurs largement en tête dans les sondages et le parti d'extrême droite AfD en forte progression. Le risque d'une victoire de la droite conservatrice et de l'extrême droite lors de ces élections anticipées est donc bien réel, ce qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour l'Allemagne et l'Europe.