La Ligue de football professionnel sous la loupe des sénateurs : un contrôle approfondi pour comprendre les enjeux de la financiarisation du football français
Deux jours après la réélection de Vincent Labrune à la tête de la Ligue de football professionnel (LFP), les sénateurs Michel Savin (Les Républicains) et Laurent Lafon (Union centriste) ont effectué un contrôle approfondi au siège de l'institution. Cette visite s'inscrit dans le cadre de la commission d'enquête sénatoriale sur la financiarisation du football, lancée en avril dernier suite à la création de la société commerciale de la Ligue et à la cession d'une partie de ses parts au fonds d'investissement luxembourgeois CVC.Une enquête sénatoriale pour faire la lumière sur les enjeux de la financiarisation du football français
Objectifs et motivations de la visite au siège de la LFP
Les sénateurs ont expliqué que cette mission d'enquête, entamée il y a plusieurs mois, a déjà donné lieu à une cinquantaine d'auditions. Leur visite au siège de la LFP visait à obtenir des informations complémentaires sur le fonctionnement et le financement de l'institution, ainsi qu'à récupérer les documents demandés. Initialement prévue avant l'élection du président de la Ligue, la visite a finalement été programmée après le scrutin, afin de ne pas interférer avec le processus électoral.Bilan mitigé de l'accord avec CVC
Les sénateurs ont fait le constat que les objectifs annoncés lors de la création de la société commerciale de la Ligue, censée permettre une meilleure commercialisation des droits TV et le renforcement de la compétitivité des clubs, sont loin d'être atteints. Avec l'attribution des droits TV à des niveaux bien inférieurs aux attentes (60% à 50% en dessous), ce sont les clubs qui se retrouvent pénalisés.Interrogations sur le fonctionnement interne de la LFP
L'examen des documents transmis par la Ligue a suscité plusieurs interrogations chez les sénateurs. Ils ont notamment été surpris de constater une baisse des effectifs de la LFP entre 2022 et 2024 (de 77 à 56 personnes), alors que la masse salariale a augmenté, en partie du fait de la hausse du salaire du président Vincent Labrune. Parallèlement, la filiale commerciale LFP Média a vu ses effectifs et sa masse salariale gonfler.Les conséquences pour les clubs
Les sénateurs soulignent que les décisions prises par la Ligue, comme l'achat d'un bâtiment à 131 millions d'euros ou l'augmentation des salaires, ont été validées par les présidents de clubs lors des conseils d'administration. Cependant, ces charges pèsent désormais lourdement sur la LFP, alors que les recettes des droits TV sont en forte baisse. Ce sont donc les clubs qui se retrouvent pénalisés, certains voyant leurs revenus diminuer de 50% à 60%.Les suites de l'enquête sénatoriale
Les sénateurs entendent tirer les leçons de cette enquête et faire des recommandations, tant à la Ligue qu'à la Fédération française de football (FFF) et au ministère des Sports, sur le financement du football en France. Ils n'iront pas jusqu'à l'aspect juridique, laissant le parquet financier poursuivre son enquête en cours. Leur objectif est de s'assurer que la création de la société commerciale de la Ligue et l'accord avec CVC servent bien les intérêts des clubs et du football français dans son ensemble.