Tensions au sein de la majorité présidentielle : le Premier ministre Barnier peine à convaincre les députés Renaissance
Alors que le gouvernement s'apprête à présenter le budget 2025 dans un contexte financier tendu, le Premier ministre Michel Barnier a participé à une réunion houleuse avec les députés de la majorité présidentielle. Malgré ses efforts pour apaiser les tensions, les échanges ont tourné au vinaigre, révélant des divergences profondes au sein de la macronie sur la stratégie budgétaire à adopter.Un budget 2025 qui divise la majorité présidentielle
Des économies et des hausses d'impôts difficiles à avaler
Le budget 2025 prévoit 60 milliards d'euros d'économies, dont 40 de réduction de dépenses et 20 de hausses d'impôts. Une stratégie fiscale qui ne passe pas auprès de certains députés Renaissance, habitués à une politique de baisse des prélèvements. Michel Barnier a dû faire face à la colère de Gérald Darmanin et Gabriel Attal, qui ont rappelé que la macronie s'était engagée à ne pas augmenter les impôts ces sept dernières années.Le Premier ministre a tenté de justifier sa décision, affirmant qu'il prenait "le risque d'être impopulaire, mais pas le risque d'être irresponsable". Il a assuré que son objectif était de "montrer de la responsabilité" et qu'il ne voulait pas "toucher les plus faibles, les classes moyennes, les petites et moyennes entreprises".Cependant, ces explications n'ont pas convaincu tous les députés, qui ont exigé des précisions sur les chiffres des déficits, la feuille de route pour baisser les dépenses et une trajectoire précise du redressement des comptes publics.Le report de l'indexation des retraites sur l'inflation, une mesure qui passe mal
La macronie n'a pas non plus digéré que les retraités soient probablement mis à contribution dans le budget 2025. Le gouvernement envisage en effet de reporter du 1er janvier au 1er juillet 2025 l'indexation des retraites sur l'inflation.Cette méthode a déplu à de nombreux députés, qui ont également critiqué d'autres pistes d'économies évoquées dans la presse, comme l'augmentation possible de la fiscalité sur les jeux en ligne ou la baisse potentielle de la prise en charge des consultations médicales chez le généraliste.Un Premier ministre qui peine à convaincre
Lors de la réunion de groupe, Michel Barnier a eu du mal à répondre précisément aux questions des députés. Plusieurs échanges ont été très tendus, le Premier ministre allant jusqu'à demander à une députée de "faire attention à ce qu'elle dit".Un proche de Gabriel Attal a regretté que le Premier ministre "n'ait que des remarques acerbes" et ne réponde pas de manière satisfaisante aux interrogations des parlementaires. C'est finalement le ministre délégué au Budget, Laurent Saint-Martin, qui s'est chargé de répondre dans une ambiance glaciale.Des relations tendues entre Matignon et la macronie
Ces échanges houleux ont révélé des tensions profondes entre le Premier ministre et la majorité présidentielle. Alors que Michel Barnier avait tenté de "réchauffer l'atmosphère" en affichant son entente avec le président, les députés Renaissance sont restés sceptiques.L'un d'eux a même estimé que "ça aurait pu être le pire (comme Premier ministre) et c'est le meilleur qui en ressort", une remarque qui en dit long sur la défiance qui règne entre Matignon et la macronie.Les prochaines semaines s'annoncent donc très tendues à l'Assemblée nationale lorsque les députés se pencheront sur le budget 2025. Michel Barnier aura fort à faire pour convaincre une majorité présidentielle qui semble de plus en plus divisée.