La Corse, l'eldorado des voitures sans permis pour les jeunes

En Corse, le phénomène des voitures sans permis (VSP) connaît une croissance fulgurante, notamment chez les adolescents. Avec une augmentation de 127% des immatriculations en 2021, l'île de Beauté est devenue le terrain de jeu privilégié de cette nouvelle génération de conducteurs en herbe. Derrière ce succès, se cache une combinaison de facteurs alliant désir d'indépendance, sécurité et image de marque.

Une tendance qui décolle à toute vitesse

Une progression fulgurante des immatriculations

En l'espace de cinq ans, les immatriculations de voitures sans permis ont doublé en Corse. Alors qu'on en comptait environ 300 en 2018, ce chiffre a grimpé à 621 l'an dernier, soit une augmentation de 127% - près du triple de la moyenne nationale (47%). Ce phénomène s'explique en partie par l'évolution de l'image de ces petits véhicules, autrefois perçus comme de simples "pots de yaourt". Désormais, les VSP se parent de versions sportives, de sièges en imitation cuir, d'écrans tactiles et autres équipements high-tech, séduisant ainsi une clientèle plus jeune et aisée.

Un public adolescent de plus en plus conquis

Selon les concessionnaires, la majorité des acheteurs de ces voitures sans permis sont des adolescents. "C'est un phénomène de mode chez les jeunes", constate Alain Rivoira, concessionnaire des marques Ligier et Microcar. Cette tendance s'est accentuée depuis 2014, lorsque la loi a autorisé la conduite de VSP dès l'âge de 14 ans, contre 16 auparavant. Désormais, il suffit d'être titulaire du permis AM, soit 8 heures de formation en auto-école, pour prendre le volant de ces petits bolides.

Un attrait pour l'indépendance et la sécurité

Cette nouvelle liberté de mouvement séduit de nombreux jeunes, notamment dans les zones rurales où les transports en commun sont peu développés. "Ça nous laisse plus de liberté dans nos déplacements", témoigne Paul, 16 ans, au volant de sa Chatenet depuis 8 mois. Mais au-delà de l'indépendance, ces véhicules rassurent également les parents, qui y voient une alternative plus sûre aux scooters. "Elle est bien mieux protégée dans une petite voiture que sur un scooter", estime Émilie, mère de famille ayant acheté une Ami électrique pour sa fille de 14 ans.

Un coût d'acquisition élevé, mais assumé

Malgré un prix d'achat pouvant atteindre 18 000 euros pour les modèles haut de gamme, ainsi qu'un coût d'assurance moyen de 800 euros par an, les parents semblent prêts à consentir ces investissements. Ils sont séduits par le faible taux d'accidentologie de ces voitures sans permis, estimé à seulement 0,2% par le constructeur Aixam, leader français du secteur.

Un phénomène ancré dans la culture méditerranéenne

Au-delà des aspects pratiques, l'attrait des VSP chez les jeunes Corses s'inscrit également dans une dimension culturelle. "Il y a un côté 'enfant roi' très méditerranéen", observe Paule Chiousse, concessionnaire Ligier. Ces véhicules seraient ainsi le reflet d'une certaine aisance financière, où les parents cherchent à combler les désirs de leurs enfants.