En cartes : un an de destructions dans la bande de Gaza

Oct 8, 2024 at 8:00 AM
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Cartographie des dommages dévastateurs dans la bande de Gaza

Depuis le début des opérations israéliennes dans la bande de Gaza, lancées après la sidération suscitée par les massacres du Hamas, le 7 octobre 2023, la presse internationale est dans l'impossibilité de pénétrer dans l'enclave – à l'exception de rares et courtes visites strictement encadrées par l'armée israélienne. Les bombardements massifs et l'offensive terrestre menée depuis le 27 octobre 2023 ont eu des effets dévastateurs sur le bâti très dense de la bande de Gaza.

Une analyse détaillée des destructions à Gaza grâce aux images satellites

Cartographie des dommages à l'aide d'images satellites

Faute de pouvoir mesurer directement sur le terrain l'ampleur des dévastations, des chercheurs se sont appuyés sur deux types de sources pour cartographier les destructions dans la bande de Gaza. D'un côté, les témoignages, les vidéos et les photos des journalistes et des civils palestiniens piégés sur place, qui documentent la disparition de quartiers entiers sous les décombres. De l'autre, les images satellitaires provenant des constellations de satellites publiques (Agence spatiale européenne, NASA, etc.) et privées (Maxar, Planet Labs, etc.).Grâce à ces images, deux chercheurs installés aux États-Unis, Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, ont suivi depuis un an l'évolution des destructions dans la bande de Gaza. Ils ont réalisé ces cartes en analysant les données collectées par les satellites SAR (Synthetic-Aperture Radar) Copernicus Sentinel-1, une initiative conjointe de la Commission et de l'Agence spatiale européennes, avec une résolution de 10 mètres par pixel. Les radars SAR présentent l'avantage de collecter des informations de jour comme de nuit, quelles que soient les conditions météorologiques.

Méthodologie et limites de l'analyse

Dans l'impossibilité de vérifier leurs données sur le terrain, les chercheurs les ont ensuite croisées avec les évaluations publiées par Unosat, le centre satellitaire des Nations unies, ainsi qu'avec les images satellitaires commerciales à très haute résolution, pouvant aller jusqu'à 30 centimètres par pixel. Cela leur a permis de dresser une cartographie fine des dommages probables infligés aux constructions humaines dans la bande de Gaza.Cependant, leur méthodologie ne s'applique pas aux dommages potentiels dans les espaces végétalisés (régions agricoles, espaces naturels). Comme ils le précisent, "étant donné la présence probable de dommages à très petite échelle que les satellites Sentinel-1 ne sont pas en mesure de détecter, ces cartes offrent probablement une estimation prudente des zones touchées par les destructions".

Un outil essentiel pour documenter les conséquences du conflit

Malgré ces limites, les cartes produites par les chercheurs constituent un outil essentiel pour documenter les conséquences dévastatrices du conflit dans la bande de Gaza. Alors que l'accès des journalistes est fortement restreint, ces analyses satellitaires permettent de mieux comprendre l'ampleur des destructions et leur évolution dans le temps. Elles soulignent l'urgence d'une résolution pacifique du conflit et d'une aide humanitaire pour reconstruire les infrastructures essentielles de la population civile.