Alors que le gouvernement français fait face à une dégradation continue des finances publiques, l'ancien ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, est de nouveau convoqué par la commission des finances du Sénat pour s'expliquer sur les causes de cette situation. Dans un témoignage sans concession, Le Maire reconnaît des erreurs techniques dans l'évaluation des recettes, tout en rejetant toute volonté de dissimulation ou de tromperie. Il plaide pour une meilleure collaboration entre l'exécutif et le législatif, et souligne que la responsabilité du dérapage des comptes publics doit être partagée avec l'ensemble de l'équipe gouvernementale.
Une Crise Budgétaire Persistante et Complexe
Une Erreur Technique Majeure dans l'Évaluation des Recettes
Bruno Le Maire reconnaît une "grave erreur technique d'évaluation des recettes" comme l'une des principales causes de la dégradation des finances publiques. Selon lui, les modèles de prévision de recettes fiscales se sont avérés défaillants, notamment en raison d'une élasticité des recettes à la croissance plus faible que prévu. Malgré les efforts de correction des services de Bercy, l'année 2024 a de nouveau constitué une mauvaise surprise, avec un manque à gagner de 41 milliards d'euros cumulé sur 2023 et 2024. Le Maire souligne que le ministre des Finances n'a pas de prise directe sur ces prévisions techniques, qui relèvent de l'expertise des services.Une Responsabilité Partagée au Sein de l'Exécutif
L'ancien ministre de l'Économie refuse d'être tenu pour seul responsable de la situation. Il affirme que le ministre des Finances "ne décide pas de tout, tout seul dans son bureau de Bercy", mais doit composer avec les arbitrages rendus par l'ensemble de l'exécutif. Ainsi, il indique avoir porté des propositions d'économies, comme une moindre revalorisation des prestations sociales et des retraites, qui n'ont pas été retenues. Bruno Le Maire plaide donc pour une responsabilité partagée au sein du gouvernement dans la dégradation des finances publiques.Vers une Meilleure Collaboration entre l'Exécutif et le Législatif
Face à cette crise budgétaire, Bruno Le Maire se prononce en faveur d'un renforcement de la collaboration entre le gouvernement et le Parlement. Il propose notamment de transmettre en temps réel aux présidents et rapporteurs généraux des commissions des finances de l'Assemblée nationale et du Sénat l'ensemble des documents budgétaires, afin de favoriser un échange d'informations plus transparent. Cette évolution de méthode, qu'il qualifie de "radicale", vise à améliorer le suivi et le contrôle parlementaire de la situation économique et financière du pays.Déficit Public : Une Crise de Longue Durée
Le rapporteur général de la commission des finances, Jean-François Husson, souligne que la dégradation des finances publiques n'est pas une "tempête exceptionnelle", mais un "ouragan de longue durée". Cette analyse met en lumière la nature structurelle des difficultés budgétaires auxquelles la France est confrontée, au-delà des erreurs ponctuelles d'évaluation. La recherche de solutions durables s'impose donc comme un défi majeur pour le gouvernement.Le Choix du Gouvernement Actuel
Enfin, Bruno Le Maire conteste fermement le chiffre de 6,1% de déficit public prévu pour 2024, affirmant que des mesures de redressement plus vigoureuses auraient permis d'atteindre un déficit autour de 5,5%. Il rejette ainsi la responsabilité de cette prévision sur les choix du gouvernement actuel, soulignant que l'ancien exécutif disposait d'autres options pour limiter la dégradation des finances publiques.En conclusion, le témoignage de Bruno Le Maire met en lumière la complexité de la crise budgétaire française, marquée par des erreurs techniques, des arbitrages politiques et un manque de collaboration entre l'exécutif et le législatif. Face à ces défis persistants, la recherche de solutions durables s'impose comme une priorité majeure pour le gouvernement.