Une récente décision judiciaire en Arménie a ordonné à l'Autorité de lutte contre la corruption (ACC) d'examiner les transactions financières d'un haut fonctionnaire. Le ministre des Finances, Vahe Hovannisian, fait l'objet d'une enquête suite à un prêt sans intérêt d'un million de dollars reçu avant son entrée au gouvernement. Ce prêt aurait permis l'acquisition d'une entreprise de matériaux de construction, qu'il aurait revendue à un parent proche. En 2023, cette entreprise bénéficiait d'allégements fiscaux importants pour importer des biens d'une valeur considérable. Bien que le ministère ait qualifié ces accusations de non-fondées, la Cour d'appel anti-corruption a statué en faveur d'une investigation officielle afin de déterminer toute éventuelle manipulation abusive du pouvoir.
Dans un contexte marqué par des allégations croissantes, Ara Zohrabian, un avocat impliqué dans cette affaire, met en lumière des indices préoccupants. Selon lui, il existe des preuves suggérant que Vahe Hovannisian pourrait avoir abusé de sa position pour accorder des avantages fiscaux à une société liée à sa famille. Cette entreprise, initialement achetée grâce au prêt controversé, a bénéficié d'une exonération fiscale notable après sa cession à un membre de la famille du ministre. Ces privilèges auraient facilité des opérations commerciales importantes, soulevant des interrogations sur la transparence et l'éthique.
L'histoire remonte à 2021, lorsque Vahe Hovannisian obtint ce prêt sans intérêt avant de rejoindre ses fonctions actuelles. Les documents montrent que cet argent fut utilisé pour acquérir une entreprise de matériaux de construction. Par la suite, cette entité passa entre les mains de son oncle. En 2023, elle profitait déjà de largesses fiscales substantielles accordées par l'État arménien. Une porte-parole du ministère des Finances avait auparavant minimisé ces accusations, affirmant que le prêt avait été contracté avant son mandat officiel. Toutefois, cette justification n'a pas suffi à écarter les soupçons persistants.
En réponse aux requêtes des avocats, la commission anti-corruption d’Arménie avait refusé d’entamer une procédure pénale, une décision confirmée par un tribunal de première instance. Cependant, la Cour d’appel anti-corruption a décidé autrement en avril, estimant nécessaire une enquête approfondie. Les juges ont souligné des signaux inquiétants indiquant que Vahe Hovannisian pourrait avoir tiré parti de sa fonction pour favoriser indirectement ses intérêts personnels ou familiaux.
Avec cette nouvelle orientation légale, les autorités arméniennes sont désormais contraintes d'examiner minutieusement les pratiques financières de Vahe Hovannisian. L'affaire prend également une dimension politique importante, étant donné que le ministre appartient au parti dirigé par le Premier ministre Nikol Pachinian. Avant même ces accusations, des médias avaient pointé du doigt certaines omissions dans les déclarations patrimoniales du ministre, notamment concernant ce prêt. Malgré ses excuses pour des erreurs administratives mineures, Vahe Hovannisian continue de nier toute implication dans des actes de corruption.
Les développements récents renforcent la pression sur les institutions arméniennes pour garantir une gestion transparente et impartiale. La communauté juridique et les citoyens attendent avec impatience les conclusions de cette enquête, qui pourrait redéfinir les normes d'intégrité dans la sphère publique arménienne.