Naviguer les eaux troubles de la critique amicale
Peut-on critiquer un « ami », voire exprimer son désaccord avec ses agissements, sans risquer de déclencher son courroux ? Et si oui, y a-t-il un meilleur moment qu'un autre pour le faire ? C'est la question délicate à laquelle le président français Emmanuel Macron a dû faire face récemment, avec sa prise de position sur la question des livraisons d'armes à Israël.Une critique diplomatique qui soulève les passions
Une déclaration qui fait des vagues
Lors d'une interview accordée à France Inter, Emmanuel Macron a pris position de manière claire sur la question des livraisons d'armes à Israël, affirmant que "la priorité, c'est qu'on revienne à une solution politique, qu'on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza." C'est la première fois que le chef d'État français s'exprime aussi ouvertement sur ce sujet délicat.Une réaction enflammée de Netanyahou
La réponse du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, n'a pas tardé. Dans une vidéo de deux minutes postée sur les réseaux sociaux, il a vivement critiqué les propos de Macron, affirmant que "tous les pays civilisés devraient se tenir au côté d'Israël" et que le président français "devrait avoir honte" d'appeler à des embargos sur les armes contre Israël.Une crise diplomatique qui s'envenime
Cette prise de position de Macron a suscité de vives réactions en Israël, où elle a été perçue comme une "gifle" et une "colère en phase avec ce que beaucoup d'Israéliens et de Franco-Israéliens ont ressenti", selon l'historienne Frédérique Schillo. Les Israéliens ont notamment été choqués que le président français se soit exprimé ainsi deux jours avant les commémorations du 7 octobre.Une tentative de médiation délicate
Face à cette crise diplomatique, l'Élysée a choisi de publier une mise au point, déplorant les mots "excessifs" de Netanyahou et affirmant que la France "est l'amie indéfectible d'Israël". Mais les dommages semblent déjà faits, avec une perte de confiance mutuelle entre les deux dirigeants.Un contexte politique tendu en France
Selon la presse israélienne, les déclarations de Macron s'inscriraient dans un "contexte de pression politique intérieure croissante en France", avec une influence grandissante de l'extrême gauche et un désir de se positionner en défenseur de la cause palestinienne.Des efforts diplomatiques fragilisés
Cette crise risque de compliquer la visite en Israël du nouveau chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, attendue cette semaine. Comme le souligne Frédérique Schillo, "pour parvenir à une médiation, il faut la confiance de tous, dont Israël. Avec cette énième envolée, les Israéliens ont perdu confiance dans la parole du président, comme lui-même a perdu confiance dans celle de Benyamin Netanyahou."